Dossier économique
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Revue culturelle de Béziers Méditerranée et du Biterrois : culture, géopolitique, édition, histoire
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Histoire
Une ville traditionnellement frondeuse, républicaine et hostile au pouvoir quand il bâillonne la liberté … une ville qualifiée d’insoumise et prompte à se rebeller. Qu’en est-il vraiment ? Quels sont les traits dominants de l’identité de Béziers ?
XVIe-XVIIe siècles : « un souffle de Renaissance a caressé Béziers »
Le temps de la Renaissance est pour l’Europe une période de bouleversements : techniques, industriels, économiques, scientifiques. A première vue, par rapport à ces grands bouleversements, l’histoire du Biterrois semble frappée d’immobilisme ou de continuité. Robert Cavalié ne parle que de souffle de Renaissance et place son analyse sur deux siècles marquant ainsi la lente mais réelle pénétration de la Renaissance dans la cité.
L’identité de Béziers : Le peuple et les ouvriers de Béziers
Au même titre que les Grands, que l’Église ou que les notables biterrois, le petit peuple par son travail a contribué à construire Béziers et à modeler son identité. Une réelle culture ouvrière est apparue dans la cité au cours du XXe siècle.
Le Père Gailhac
Célébré par Michel Fournier
Défiguré dès son enfance par la petite vérole et victime d’accidents à répétition qui déformeront son corps, doué pour les arts et les sciences appliquées, devenu prêtre, il fut chargé par ses supérieurs de missions particulières.
Célébré par Robert Cavalié
Discours de distribution des prix
Un ouvrage de Jean Sagnes et Louis Secondy : « Ils ont parlé à la jeunesse », « discours de distribution des prix» paru édité par les Nouvelles Presses du Languedoc
L’identité de Béziers : Le mouvement des idées
Beaux esprits, célébrités et notoriétés de Béziers
Sept Biterrois ont été membres de l’académie française : Jacques ESPRIT, Edgar FAURE, Pierre FLOURENS , Georges IZARD , DORTOUS de MAIRAN, Paul PELLISSON, Jean-Pons G. VIENNET.
Au panthéon des hommes célèbres de Béziers figurent Pierre-Paul Riquet, Jean Moulin.
Géopolitique
Affirmant avec force le projet urbain de la ville, ses directions essentielles, ses choix prospectifs, le Sénateur-Maire de Béziers, Raymond Couderc, a tracé à grands traits le cheminement urbain de Béziers, un cheminement maîtrisé vers une ville de dimension moyenne où la qualité de vie sera préservée.
Culture
Le CIRDOC grande médiathèque de la langue et de la culture occitane
Une richesse patrimoniale exceptionnelle
Jean Moulin, sous le pseudonyme de Romanin, s'était essayé au dessin et à la caricature. Il a laissé au total près de 600 oeuvres que sa soeur, Laure, a léguées au musée des Beaux Arts de Béziers.
Les grandes ambitions de Jean-Bernard Pommier pour les Franciscains
Faire des Franciscains un haut lieu de l’art et de la création artistique.
Une création théâtrale et une interprétation de Dominique Lautré
d’après « l'homme qui marche »
de Christian Baubin.Une création de Dominique Lautré :
Le silence éternel des espaces infinis m’effraieJérôme Savary, Biterrois de cœur
La disparition de Jérôme Savary a suscité une grande émotion à Béziers où il a laissé son empreinte et une certaine nostalgie.
La dimension introduite par les Caritats : une fête identitaire
Très vite, l’appellation Caritats s’est ajoutée aux fêtes médiévales ajoutant ainsi une dimension de mémoire à l’événement.
Repères
Guide de Béziers, Escapades en Biterrois
de Michel Fournier
L’âge d’or du spectacle lyrique
aux arènes de Béziers
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Histoire
Discours de distribution des prix
La génération de l’après deuxième guerre mondiale se souvient certainement de la distribution des prix. En fin d’année, les bons élèves recevaient solennellement des prix : premier prix, deuxième prix et accessits, mentions que certains élèves attendaient avec impatience et leurs parents avec fierté. La manifestation avait une certaine solennité. Et elle débutait d’une manière canonique par un ou plusieurs discours prononcés par des enseignants, des chefs d’établissements, des notoriétés locales, voire le recteur, le sous-préfet, le préfet et quelquefois par des célébrités. Ces discours étaient souvent fort longs, abscons, mais marqués d’érudition et quelquefois, gravés dans les mémoires par le génie ou la maîtrise de l’art oratoire. La vérité oblige de dire que les élèves, à moins d’être pris par le souffle de l’orateur, les écoutaient d’une oreille distraite.Ces discours de distribution des prix ont été étudiés, ils portent témoignage d’une époque et d’une forme d’enseignement. Mais ces témoignages sont souvent anciens, ils portent sur le territoire nationale et sont quelquefois trop généraux ou superficiels, impressionnistes c’est-à-dire manquant de rigueur.
L’originalité de l’ouvrage de Jean Sagnes et Louis Secondy : « Ils ont parlé à la jeunesse », « discours de distribution des prix» paru édité par les Nouvelles Presses du Languedoc » réside dans son ciblage géographique. Un espace géographique plus réduit, celui de la région centrale des pays originellement de langue d’OC. Il fait une large place à des orateurs de prestige tels Jean Jaurès, Léon Blum, Paul Valéry, Jean Moulin,Jean de Lattre de Tassigny, tous proches à des degrés divers du pays d’OC.
A travers l’analyse des thèmes abordés et des discours prononcés par les orateurs de prestige, tous replacés et situés par des indications biographiques et la description d’un parcours, on accède à un certain nombre d’éléments fondamentaux. D’abord, une vision plus précise de ceux qu’on a appelé les hussards noirs de la République qui dans le prolongement de la mission des instituteurs du primaire assurent l'instruction obligatoire, gratuite et laïque de tous les garçons et de toutes les filles de France dans un cadre républicain et civique. C’est aussi, et on s’en aperçoit à travers le discours d’Antonin Moulin, l’exposé de valeurs morales les plus profondes : l’instruction, le travail, la tolérance, le sens du devoir, la solidarité, la justice, la fraternité, la citoyenneté, l’humanité et le progrès. En un mot, la formation de l’homme et du citoyen.
Mais aussi à travers le discours du Préfet Jean Moulin, l’affirmation des humanités (langues, littérature ancienne, latin, grec), de l’importance de la culture générale et l’attachement à l’humanisme. Un humanisme qui célèbre la croyance en l’homme, l’affirmation de l’esprit, de la liberté dans le sens plein du mot c’est-à-dire du jugement, de la justice. Un humanisme qui vise toujours à augmenter la puissance réelle de chacun par la culture la plus étendue, scientifique, esthétique, morale. Et qui considère qu’il n’y a rien de plus précieux au monde que la culture humaine par les œuvres immortelles de tous les temps.
Prémonition ? Ou influence d’une culture reçue au sein de la famille ? On rapprochera cette vision humaniste de Jean Moulin et son affirmation de la liberté comme valeur suprême, au prix même du sacrifice de la vie, des termes du discours prononcé par son père : « L’étoffe du héros … c’est de risquer son emploi, sa liberté, sa vie même pour affirmer… la vérité qui sait et le secret qui l’étouffe. Le devoir de vérité, compris ainsi jusqu’à l’héroïsme n’est pas, en effet, pour tenter les âmes vulgaires. »
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La maison médiévale L'hôtel de la Mercy
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XVIe-XVIIe siècles : « un souffle de Renaissance a caressé Béziers »
Une conférence de Robert CavaliéLe temps de la Renaissance est pour l’Europe une période de bouleversements : techniques, industriels, économiques, scientifiques. De bouleversements aussi dans la navigation qui permettent de traverser l’océan de découvrir de nouveaux horizons, de nouvelles dimensions, de créer une civilisation océanique. Condition ou conséquence de ces bouleversements, le souci de bien distinguer ce qui est de la matière et de l’esprit, la recherche du vrai. Les ruptures avec les façons de faire et les habitudes de pensée font naître une autonomie de l’individu et un individualisme européen. Soulevé par le ferment chrétien, l’individualisme européen rend possible de profonds bouleversements religieux. Si bien que le XVIe siècle est un siècle de nouvelles structures mentales, religieuses, économiques, étatiques, géopolitiques.
A première vue, par rapport à ces grands bouleversements, l’histoire du Biterrois semble frappée d’immobilisme ou de continuité. La rupture avec le Moyen Âge n’est marquée par aucun grand événement, par aucune grande mutation. Tout semble indiquer que le Moyen Âge se prolonge dans la cité jusqu’au début du XVIIe siècle. C’est ce qui explique la prudence du titre de la conférence. Robert Cavalié ne parle que de souffle de Renaissance et place son analyse sur deux siècles marquant ainsi la lente mais réelle pénétration de la Renaissance dans la cité.
Ralliée et fidèle à l’ordre royal, la cité est concernée par les nouvelles structures de l’État, soumise à l’autorité directe du roi et à l’évolution de cette autorité vers la monarchie absolue. Sa situation remarquable et remarquée par les souverains, son rôle de place forte soulignée par François Ier « l’une des meilleures et des plus fortes villes de guerre de notre pays … située et assise en pays limitrophe et de frontière tant du côté de la mer que de la terre… » lui donnent un atout géo-stratégique incontestable ainsi qu’un poids géo-politique réel dans le Midi Languedocien et Méditerranéen. Du point de vue administratif, Béziers est élevée au rang de Sénéchaussée par François Ier, puis devient le siège d’un Présidial sous Henri II. La cité se voit ainsi attribuer prestige, autorité, utilité et reconnaître par le pouvoir royal un rôle de premier plan et un territoire d’influence très étendu.
Béziers n’échappera pas plus aux nouvelles structures religieuses et à la Réforme, ni aux troubles des guerres de religion. L’autorité de l’évêque renforçant l’influence de Béziers sur son territoire, la royauté pour renforcer cette autorité et la fidélité du territoire installe à Béziers des évêques italiens qui seront pour elle un appui constant. Avec ces prélats coïncident les intérêts de la monarchie et de la réforme catholique. Ne négligeant pas de transformer l’évêché en véritable bastion catholique armé de canons, pouvant même pour Thomas I de Bonzi, se fourvoyer dans la conspiration de Douzon de Cabrerolles contre Montmorency, beaucoup plus dans l’intérêt du roi que pour sympathie pour la ligue, les évêques italiens, témoignant de leur sens des affaires, surent dans les périodes troublées agir avec habilité, modération pour maintenir la fidélité de Béziers à l’ordre royal.
Dans l’évolution des structures mentales, l’église joue un rôle structurant. En 1598, grâce à l’entregent de l’évêque Jean de Bonzi, la compagnie de Jésus reçoit la direction du tout récent collège de Béziers. On y enseigne la philosophie (logique et physique), la rhétorique, les humanités, la grammaire. A travers cet enseignement, celui des bonnes mœurs, des belles lettres et de la piété, la mission du collège est de former les élites prises parmi les enfants des notables, d’assurer un enseignement principalement basé sur les belles lettres, sur les auteurs latins et grecs, et de propager les idées et les mots d’ordre de la réforme catholique. La modernité des méthodes témoigne de l’ancrage humaniste : lecture de vers, de narrations, de discours dans une petit académie pour les élèves, soutenance de thèses, représentations théâtrales. Le rapide afflux des élèves témoigne de l’audience de l’institution auprès des familles et de sa réussite se marquant par la formation de clercs séculiers et religieux.
Un certain nombre de familles importantes issues de la judicature, de la magistrature, d’une brillante réussite commerciale, souvent dans l’entourage de l’évêque, des intellectuels liés par des liens de parenté, d’amitié ou d’intérêt ouverts aux améliorations techniques et favorables à l’esprit d’entreprise émergent au cours du temps. Ilst se signalent par leur dynamisme, leur ouverture d’esprit et leur sensibilité à l’humanisme.
On décèle cette évolution et cette présence à partir d’un certain nombre de Biterrois célèbres contemporains ou héritiers de la Renaissance :
Médecins : Feynes (1530-1573).
Hommes d’armes : Mal de Thémines (1553-1627).
Religieux : Les évêques italiens : Strozzi; Médicis, Bonzi ; Gonet (1616-1681), dominicain ; Vanière (1669-1739).
Jurisconsultes : Barbeyrac (1674-1747) ; Boscager (1601- . Etienne Forcadel (1534 -1573).
Mathématicien : Pierre Forcadel.
Littérature : Guibal (1677- ) ; Croisille (1570-) ; Charbonneau (1540- ) : Andoque (1590-1664) ; Jacques Esprit (1611-1677) ; Pélisson Fontanier (1624-1693).
Autres célébrités : Dortous de Mairan (1678-1771 ) ; Pierre Paul Riquet (1609-1680)Sommaire du site
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Béziers, ville républicaine ?
« Casimir Péret et l’insurrection Biterroise de décembre 1851 »Les journées européennes du patrimoine 2012 ont permis à l’association Réussir à Béziers de présenter les journées dramatiques du coup d’état du Prince Louis Napoléon Bonaparte et de l’insurrection Biterroise de décembre 1851. Et d’affirmer certains gènes de Béziers : une ville traditionnellement frondeuse, républicaine et hostile au pouvoir quand il bâillonne la liberté … une ville qualifiée d’insoumise et prompte à se rebeller. Qu’en est-il vraiment ? Quels sont les traits dominants de l’identité de Béziers ?
Béziers dans la révolution : l’acceptation de l’ordre républicain
La Révolution Française représente une époque de l’histoire de la France, de l’Europe et du monde de rupture et de novation. Comme partout dans le royaume à la veille de la Révolution, la bourgeoisie a conquis sa place dans la cité et son administration municipale. Alors que sous l’Ancien Régime, la politique est un domaine réservé à un petit nombre de personnes, de privilégiés, avec la République, la politique devient la chose publique et concerne désormais tout un chacun. Cet élargissement est très bien accepté et perceptible à Béziers. La bourgeoisie locale se montre favorable à la modification de l’ordre social. De 1791 à 1794, il sera procédé à 150 ventes de biens confisqués répartis dans tout le Biterrois et représentant 4 260 000 livres de transaction pour une mise à prix de 1 800 000 livres. Si quelques artisans, horlogers, menuisiers, tonneliers, selliers, blanchisseurs se portent acquéreurs, ce sont la bourgeoisie éclairée, les divers responsables politiques et administratifs, les gros propriétaires, les négociants et commerçants, les entrepreneurs de construction de bâtiments, les notaires et les hommes de lois qui sont les grands bénéficiaires de la vente de ces biens dont ils acquièrent la plus grande partie.
Il en résulte une modération avec laquelle Béziers et le Biterrois traversent la Révolution. S’ajoutant aux acquis politiques, administratifs, sociaux qui ont transformé la vie de la cité, Béziers et les Biterrois aspirent à un ordre consolidant ces acquis. C’est peut être ce retrait par rapport à ce que la Révolution comportait de plus contestable, de plus chimérique qui explique que Béziers ait été sensible à l’ordre républicain et s’y soit rallié. Pendant toute cette période, plutôt que de se monter frondeuse, hostile au pouvoir, même quand il opprime la liberté, la ville a su dominer ses humeurs, réagir avec bon sens et profiter de l’ordre établi pour consolider les acquis sociaux, administratifs. Cela pourra paraître paradoxal, mais à défaut de devenir la capitale régionale, Béziers est bien alors la capitale du bon sens et de la modération.
Il en résulte que le bilan de la révolution à Béziers se marque par l’acceptation et par l’aspiration de l‘ordre républicain. Ce n’est pas la première fois. La ville a aspiré et accepté aussi bien l’ordre romain que l’ordre royal. Elle n’est pas fondamentalement hostile au pouvoir, même si elle peut quelquefois manifester sa mauvaise humeur avec modération quand les conditions de la vie sont dures.
Béziers dans la Révolution : pas de crises majeures
Il faut souligner, tout au long du déroulement de la Révolution et jusqu’au Consulat qui marque une consolidation des acquis de la Révolution, la bonne gestion de la municipalité. Par sa fermeté et sa politique d’achat de blé auquel elle fit procéder, achat rendu possible par la souscription à l’emprunt nécessaire à cette opération par les riches citoyens, la municipalité de Béziers sut éviter l’émeute de la faim et de la subsistance.
Le 22 novembre 1789 un grand regroupement d’artisans de travailleurs de la terre survient à nouveau. S’appuyant sur ce malaise social les patriotes essaient de mettre en cause les pouvoirs établis. Ceux-ci savent réagir rapidement et habilement en faisant de nouveaux achats de blé, en faisant installer cent soixante-dix réverbères en ville et en élargissant la municipalité à des artisans et à des travailleurs de la terre.
L’hostilité à la gabelle qui se manifeste à Béziers à la fin de l’année 1789 et en émeute le 31 janvier 1790 lorsqu’un jeune homme est tué par la force publique loin d’être une opposition à la Constituante se place dans la tendance à faire disparaître cette taxe sur le sel dès les premiers mois de la Révolution.
Les difficultés économiques que rencontre le Directoire dès son début ont leur répercussion à Béziers provoquent un ressentiment et se marquent en décembre 1795 par des attroupements protestataires et en 1796 par des pétitions. Mais sans plus. La conjoncture économique, marquée par la déflation, se répercute sur l’industrie et le commerce et engendre un malaise perceptible à la fin de 1798 à Béziers sous forme de brigandages, c’est-à-dire d’une contestation diffuse de l’autorité et de la propriété. Une contestation de l’autorité qui se manifeste avec éclat au début de 1799. Le rétablissement de nouvelles taxes indirectes, en particulier de l’octroi qui rétablit la taxe perçue à l'entrée d'une ville sur certaines denrée, suscite des incidents : aux applaudissements de la foule, des charretiers passent en force aux barrières de l’octroi.
Les prémices de la sensibilité républicaine
Alors que sous l’Ancien Régime, la politique est un domaine réservé à un petit nombre de personnes, de privilégiés, avec la République, la politique devient la chose publique et concerne désormais tout un chacun. Cet élargissement est perceptible à Béziers. La ville suit d’assez près les événements qui se déroulent dans la capitale. Les patriotes biterrois se manifestent, prennent parti et entrent de plain pied dans la vie locale. Ils posent les problèmes en termes d’affrontement s’efforcent par leurs pressions d’accélérer localement les acquis récents de la Révolution, introduisant ainsi dans la vie politique un caractère conflictuel et les antagonismes qui déchirent la société.
En marge des procédures régulières et officielles telles que l’élection, la délibération d’assemblées représentatives, la Révolution a aussi créé les supports de la vie politique, la presse et les groupements qui offrent un relais entre les citoyens et les assemblées. Un tel relais prend corps à Béziers avec dès le 1er juillet 1790, la Société des amis de la constitution, bientôt rebaptisée Société populaire fondée par les patriotes de Béziers qui dès 1792 s’emploie à défendre la République en s’efforçant d’infléchir l’action du corps municipal dans un certain nombre de directions : défense de la ville, surveillance des suspects, défense du clergé constitutionnel, mesures en faveur des plus pauvres, sans aller toutefois au delà des mesures philanthropiques telles que des mesures d’assistance. C’est là que se fait l’éducation politique et que s’établit une certaine participation des citoyens à la prise de décision.
La ville se rallie à la Restauration et l’accepte. Mais la vive réaction que suscite l’ordonnance royale du 17 mai 1814 qui conserve les droits réunis en les nommant contributions indirectes, les émeutes du 30 mai et 5 juin à Béziers, l’immensité du peuple qui se réunit place aux Herbes, les réticences latentes des corps constitués montrent que la ville n’est pas prête à accepter que la Restauration remette en cause les changements et les acquis introduits par la Révolution et qu’elle en compromette l’édifice établi.
Sous la monarchie de juillet, les notables biterrois, maires ou adjoints, partagent avec le peuple l’hostilité aux droits réunis qu’ils considèrent comme un obstacle à la bonne marche des affaires. C’est pourquoi, ils ne se montrent pas opposés à l’agitation sociale. Bien qu’ils ne poussent pas cette solidarité jusqu’à approuver les premières grèves ouvrières des tonneliers en 1835 et des travailleurs de la terre en 1840, ils peuvent manifester une certaine indépendance par rapport au pouvoir central. En 1830, refus de rembourser la régie, opposition à la loi du 28 avril 1832 sur les boissons, refus en 1841 d’opérer le recensement général des propriétés, des portes et fenêtres. Cet esprit frondeur s’étend même à la religion : dès 1830, le conseil diminue la subvention municipale aux frères et interdit temporairement les processions sur la voie publique.
La sensibilité de gauche de la ville
La Constitution de 1848 instituait une fonction qui n’avait jamais existé dans l’histoire politique de la France, la Présidence de la République. A cette élection, fixée au 10 décembre 1848, le candidat officiel est le général Cavaignac, alors chef du gouvernement pour qui les préfets font campagne. Soutenu par la majorité des milieux d’affaires, Ledru-Rollin représente la gauche, Raspail, les socialistes. Louis-Napoléon, qui apparaît comme un candidat atypique, reçoit de nombreux appuis chez les ouvriers et les paysans et s’assure le concours d’intellectuels démocrates et même d’un certain nombre de légitimistes, ou d’orléanistes, qui par haine de la République, le perçoivent comme un moindre mal.
Dans l’Hérault, Louis-Napoléon Bonaparte n’obtient que 58 % des suffrages exprimés (contre 74,5 % en moyenne nationale). Le département occupe le cinquième rang pour le nombre de suffrages accordés. Béziers se distingue encore plus, Ledru-Rollin y devance Cavaignac.
Comment comprendre cette position originale de la ville et de sa campagne ? La région est caractérisée par des activités économiques complexes, elle entre très timidement dans la voie de modernisation. L’économie rurale, de type traditionnel, n’a pas encore rompu avec les routines. Les conquêtes du génie industriel y sont inconnues. L’entreprise individuelle ou familiale prévaut toujours. Béziers est très loin d’être en phase avec les ouvriers de la capitale et des grandes villes qui ont cessé de soutenir activement le régime qu’ils avaient fondé. Les préoccupations et les aspirations des Biterrois se trouvent alors très loin de celles du prolétariat ou même de celles de la classe ouvrière.
Béziers, ville de sensibilité républicaine
Il n’en reste pas moins qu’une sensibilité républicaine pérenne semble se développer à Béziers encouragée et soutenue par la propagande montagnarde. En réalité, elle s’était manifestée dès la fin de l’Empire et à la restauration et par la résurgence du mouvement républicain après la Révolution de 1830.
Le vote des lois de réaction consécutives à la journée du 13 juin 1849 permet au pouvoir de désorganiser le parti républicain. A l’échelon national, les républicains, désorganisés, privés de leurs moyens de propagande vont se réfugier dans l’action secrète.
Cette contre-offensive gouvernementale et des biens-pensants se manifeste très vite à Béziers, dès le printemps 1848 par l’interdiction de clubs, les tracasseries faites aux journaux. Après les élections législatives de mai 1849, qui révèlent à Béziers et dans sa région un vote rouge conséquent, les autorités redoublant de vigilance prononcent la dissolution au début 1850 de la Société des arts. De nombreux républicains, se réfugient alors dans l’action secrète et adhèrent à la Société des Montagnards, une organisation secrète régionale, de type carbonaro. On y compte près de cinq cents affiliés Biterrois, militairement organisés qui se sont engagés par serment de prendre les armes au premier signal de leurs chefs, de quitter père, mère, femme et enfants, pour voler à la défense de la liberté. Paradoxalement et très imprudemment, des cortèges de républicains parcourent les rues de la ville tous les soirs, armés de bâtons, portant des blouses bleues, des cravates et des ceintures rouges.
Dirigés par Casimir Péret, un riche distillateur et ancien maire de Béziers, les Montagnards de la ville sont plus de mille et ceux des alentours, dans cinquante autres villes bourgs et villages de la région dépassent les cinq mille à la veille du coup d'État.
Il en résulte qu’une sensibilité républicaine pérenne semble se développer à Béziers encouragée et soutenue par la propagande montagnarde. En réalité, elle s’était manifestée dès la fin de l’Empire et à la restauration et par la résurgence du mouvement républicain après la Révolution de 1830. Tous les ingrédients sont réunis pour résister au coup d’état du 2 décembre 1851.
L’insurrection Biterroise de décembre 1851 : une tentative de défense de la République
Le coup d’État du 2 décembre 1851 ne suscite pas de réactions dans les départements, les grandes villes, les centres industriels. La résistance commence dès le 3 décembre. Elle se situe en Gascogne, Languedoc, Provence et Nivernais, là où l’influence des sociétés secrètes montagnardes est active et manifeste.
Dans l’Hérault, Montpellier reste calme. Une tranquillité qui influe beaucoup sur celle de l’arrondissement. Dès le 3 décembre, dans la ville de Béziers où les centuries de Montagnards se cachaient sous la société de secours mutuels présidée par Casimir Péret, les montagnards sont appelés à prendre les armes. La résolution est prise de sommer le sous-préfet de protester contre le Coup d’Etat ou de se démettre de ses fonctions, et, en cas de refus, d’appuyer la sommation les armes à la main. Les billets de convocation sont adressés à tous les centurions signés de Péret, Coutelou, Marme, Sallèles, Rédon…
Des milliers d’hommes dans la nuit du 3 au 4 se réunissent au cimetière Vieux, sur la route de Bédarieux. Le 6, le sous-préfet, M. Collet-Meygret ayant refusé la sommation qui lui était présentée de se retirer et de mettre ses pouvoirs entre les mains des républicains, ils sont six mille à se présenter devant la sous-préfecture défendue par un détachement, composé de jeunes soldats… C’est alors que se produisent les dramatiques journées dramatiques de résistance au coup d’état.
Quelle identité de Béziers ?
De toutes les hypothèses formulées pour expliquer l’insurrection Biterroise de décembre 1851 : une ville traditionnellement frondeuse, républicaine et hostile au pouvoir quand il bâillonne la liberté … une ville qualifiée d’insoumise et prompte à se rebeller, une seule semble se dégager .
Béziers a traversé toute la période de la Révolution avec modération et sagesse. Ses réactions ont pu se manifester vivement lorsque les conditions de vie ou les mesures prises pouvaient se révéler insupportables. Elles n’ont jamais pris la forme d’une insurrection. Par contre, Béziers a su se rallier à l’ordre républicain et en profiter pour en tirer des avantages sociaux, voire économique.
Tout au long de la Restauration, la ville s’est montrée vigilante pour refuser la remise en cause des changements et des acquis introduits par la Révolution et de l’édifice établi. Les Biterrois ont bien compris qu’avec la Révolution la politique devenait la chose publique et concernait désormais tout un chacun et en ont intégré les conséquences dans le comportement du citoyen. Ils ont su ainsi conserver l’essence même de l’esprit républicain et se regrouper pour en conserver la sensibilité. Dès lors, ils sont républicains. et leur résistance au Coup d’état est une réaction républicaine. Cependant, compte tenu de la structure économique et même si la ville a pu apparaître parfois comme une ville rouge, les préoccupations et les aspirations des Biterrois se trouvent alors très loin de celles du prolétariat ou même de celles de la classe ouvrière.
Car, il ne faut pas oublier que la ville aspire à l’ordre. Il n’est pas étonnant que lorsque le Prince-Président passe les 1er et 2 octobre à Montpellier, Béziers, Pézenas l’accueil qui lui est réservé dans les trois villes a la même tonalité. La foule est considérable. Aux côtés des personnalités civiles, religieuses et militaires les vétérans du Premier Empire figurent au premier rang. Les villes, les maisons sont pavoisées. Le prince-président est acclamé. A Béziers, femmes et enfants, arrêtant le cortège, se jettent aux pieds du prince-président demandent la grâce pour leurs maris et pour leurs pères. Elles lui offrent des fleurs. La foule est considérable, enthousiaste, respectueuse. Béziers, qui a toujours su reconnaître la nécessité de se rallier à un pouvoir fort, semble comme domptée. Très vite, les notables et une grande partie de la population sensibles au retour de la prospérité économique se rallient au nouveau régime.
Une ville républicaine, donc. D’un républicanisme modéré et non révolutionnaire. Qui se traduira ultérieurement par un radicalisme prononcé et pérenne.
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L’abbé Martin
Célébré par Robert CavaliéL’abbé Jean-Jacques Martin est né à Béziers au 103 de la rue Saint-Aphrodise, l’actuelle rue Casimir Péret. Enfant du bourg Saint-Aphrodise, baptisé dans la Basilique Saint-Aphrodise, après une intronisation comme vicaire de la Madeleine, il reçut dans sa paroisse la cure de Saint-Aphrodise où en butte à l'hostilité feutrée de l’abbé Bénigne, il dut se contenter de l’usage d’une nef de la basilique. Dévoué, charitable et savant, disponible il s`attira très vite, le respect, la considération et l’affection de tous ses paroissiens.
En 1789, lorsque Louis XVI décide de convoquer les États Généraux, la Sénéchaussée de Béziers est appelée à se déterminer pour élire les représentants des trois ordres qui se réunissent dans le couvent des Récollets (actuelle chapelle des Pénitents bleus). Les abbés Martin (Béziers) et Gouttes (Argeliès) sont élus pour représenter le clergé biterrois. A Paris, siégeant parmi les 308 députés (dont 220 curés, la plupart acquis aux idées de réforme), l’abbé Martin est propulsé dans l’action politique et se rapproche de deux ténors du clergé, les Abbés Grégoire et Maury qui devait s'opposer fermement à Mirabeau, élu du tiers état. Devenu le plus proche collaborateur de l’abbé Maury et demeuré fidèle au roi, l’Abbé Martin participe à la conspiration des poignards qui projette l’éloigner le roi de la capitale et de Versailles sans parvenir à convaincre le monarque.
Lorsque la constitution civile du Clergé qui réorganise le clergé séculier français et sa mise sous tutelle est instituée et provoque la répression à l’encontre des prêtres réfractaires, à l’instar de l’abbé Maury, l’abbé Martin proteste contre la Constitution civile du clergé, défend l'autorité pontificale et soutient les prêtres réfractaires. Dès lors, la tête de l’abbé Martin est mise à prix. Il est recherché à Paris, indésirable à Béziers où les prêtres réfractaires, considérés comme des ennemis de la Révolution y suscitent une hostilité et font naître une agitation de rue au cours de l’été 1791, une répression qui s’aggrave fin 1791 : des religieux portant l’habit religieux, à qui l’on attribue les plus sombres desseins, sont poursuivis dans les rues de la ville. Comme il n’est plus question de revenir dans sa ville, l’abbé se réfugie en Italie où il retrouve l’abbé Maury.
Lorsque le Premier Consul en 1801 invite les ministres du culte à revenir dans leur terre patrie, l’abbé Martin revient à Béziers où il pratique clandestinement les offices dans une maison de la rue Malbec et où il se dépense sans compter en faveur des malades et des démunis. A la signature du Concordat qui rétablissait l’exercice public de la pratique religieuse, l’abbé Martin rachète l’église Saint-Aphrodise à un négociant montpelliérain qui l’avait acquise lors de la vente des biens du clergé et la rend au culte. Il récupère après les avoir fait authentifier les reliques (crâne et ossements conservés dans un coffre de la ville ) du Premier Evêque de Béziers, Saint-Aphrodise.
Dévoué aux pauvres, aux nécessiteux, aux miséreux et aux malades, l’abbé Martin se consacre désormais au domaine socio-éducatif et à l’instruction gratuite de la jeunesse. Il crée un établissement scolaire pour les jeunes filles dont il confie l’éducation aux religieuses du saint enfant de Jésus. En 1820, il confie aux Frères des Écoles Chrétiennes, l’éducation des garçons, donnant ainsi naissance au PIC. L’engagement social de l’Abbé le conduit à créer un fonds de retraite pour les vieux prêtres, d’un petit séminaire, d’un orphelinat ou asile pour les victimes de la séduction aux prises avec la misère.
A sa mort, survenue brutalement au pied du maître hôtel de son église, l’Abbé Martin suscite un deuil populaire et un regret unanimes. En 1844, un tombeau est fondé pour recueillir ses restes dans la chapelle de la vierge de la basilique. Puis, David d’Angers réalisera un buste de grande dimension de l’abbé Martin que l’on trouve au square Gaihac. Un buste qui selon Robert Cavalié gagnerait à être installé sur une stèle devant la façade nord de la Basilique Saint-Aphrodise.
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Le Père GailhacCélébré par Michel Fournier
Le Père Gailhac comme l’Abbé Martin est un homme important dans l’histoire de la Basilique Saint-Aphrodise et de son quartier. Il peut être aussi considéré comme le continuateur de l’abbé Martin. Mais né à Béziers en 1802, il y vécut tout au long du XIXe siècle, à une époque différente et connut ce que l’on appelle le siècle d’or de Béziers qui amène une grande prospérité économique ainsi qu’une croissance démographique. Cette prospérité, ainsi qu’un nombre important de jeunes célibataires et de soldats conduisent au développement de la prostitution dans la ville ainsi que des misères et des souffrances qui l’accompagnent. En outre le sentiment religieux s’affaiblit tellement que la cité est considérée par le clergé comme une terre de mission. Ce qui influence l’apostolat du Père Gailhac.
Au grand séminaire de Montpellier, il témoigne d’une grande piété au point d’être considéré comme la règle vivante du séminaire. Peu de temps après son ordination, il demande à son évêque de lui confier le poste d’aumônier de l’hôpital civil et militaire de la ville de Béziers où il prit contact avec la misère humaine. Il y rencontre de nombreuses femmes qui souffraient de maladies liées à la prostitution, sans instruction sans famille, sans soutien social. L’expérience de la pauvreté qui se développe et la prise de conscience du divorce qui s’aggravait entre l’église et la classe ouvrière, conduisent le Père Jean Gailhac dans la voie du catholicisme social qui se développe en France après 1870. Son catholicisme réside dans les œuvres de charité mais s’oriente aussi vers la conquête de la dignité de l’homme. C’est ainsi qu’avec l'aide d'amis, il fonde d’abord en 1834 le Bon Pasteur, un refuge pour accueillir les prostituées repenties et un orphelinat.
Le Père Gailhac est avant tout un homme de Dieu. Sa profonde spiritualité est tout orientée vers le Christ placé au centre de ses préoccupations. Elle a comme moteur la charité. L’amour et la gloire du Christ la motivent entièrement, de même que l’intercession de la vierge, la charité et le dévouement aux pauvres.
Mais il ne faudrait pas croire que cette haute spiritualité l’écarte de son siècle. Le père Jean Gailhac, homme de la première moitié du XIXe siècle, s’éloigne comme l’a fait l’église des tendances gallicanes. Par contre, sensible au regroupement et à la centralisation des forces spirituelles, il se montre favorable à l’ultramontanisme qui habitue alors les esprits à juger des choses religieuses dans l’optique romaine.
De même, il est sensible au culte marial qui se développe au XIXe siècle, au dogme de l’immaculée conception, qui gagne en ampleur après les apparitions de Lourdes. Le 24 février 1849, il fonde avec l’aide d’Appollonie Cure-Pélissier l’ordre des religieuses du Sacré Cœur de Marie dédié aux œuvres, à l’engagement social, pastoral et à l’éducation. Le désir de la communauté de faire connaître et aimer Dieu la conduit à se tourner au-delà des frontières et consacre la vocation missionnaire du Père Gailhac. Les religieuses du Sacré Cœur de Marie s’établissent en Irlande du Nord puis en Europe, en Amérique et en Afrique. Plus de cinquante maisons dans le monde entier seront ainsi créées à partir de la maison mère de Béziers.
Le Père Jean Gailhac a été déclaré Vénérable par l'Eglise catholique romaine en 1972.
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L’abbé Meyneau
L’abbé Meyneau est né lui aussi dans le bourg Saint-Aphrodise. Il fut un protégé de l’Abbé Martin qui l’orienta vers la vie ecclésiastique. Défiguré dès son enfance par la petite vérole et victime d’accidents à répétition qui déformeront son corps, doué pour les arts et les sciences appliquées, devenu prêtre, il fut chargé par ses supérieurs de missions particulières. D’abord auprès des galériens et des repentants qu’il convertit en nombre. Ses prêches et ses conversions devinrent célèbres à Montpellier, à Saint-Denis, aussi bien qu’à Nîmes, Grenoble, Voiron, Lyon, Vienne, Versailles, Paris où il attira les fidèles.Célèbre par son verbe et ses prêches, l’abbé Meyneau se distingua également par ses écrits, ses références théologiques, son engagement en faveur du souverain pontife qui lui valurent d’être nommé par le Pape Grégoire XVI délégué proto-notaire apostolique de France, chargé de gérer le temporel de l’Eglise et de constituer un tribunal ecclésiastique. Parlant plusieurs langues, jouissant d’une grande réputation auprès des clergés Arméniens, Grecs et Italiens en Afrique, en Asie et au Moyen Orient, il remplit des missions par dizaines au cours desquelles il se révéla comme le guerrier intrépide de la foi.
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L’identité de Béziers : Le mouvement des idées
Les nouvelles structures mentales dont l’apparition marque le XVIe siècle et la Renaissance ne se traduisent pas à Béziers par de forts bouleversements, ni par la présence de fortes individualités, d’hommes éminents et emblématiques de la culture humaniste. Cela ne veut pas dire que la Renaissance y ait été absente. On peut la déceler en germe à Béziers et la civilisation qu’elle révèle a pu y naître dès le Moyen Âge et s’épanouir lentement et d’une manière ininterrompue dans les temps modernes.Déjà, dans la ville médiévale s’était formé dans l’entourage de l’Évêque et des chanoines un groupe d’intellectuels, de clercs, de notaires, de marchands liés par des liens de parenté, d’amitié ou d’intérêt ouverts aux améliorations techniques et favorables à l’esprit d’entreprise. Dès le Moyen Âge Béziers fut un foyer actif de la pénétration du droit romain et écrit, d’une façon nouvelle de concevoir le droit privé et du développement précoce du notariat. Compte tenu de cette compétence, l’alliance à la royauté fit naître toute un corps d’hommes de lois, licenciés, docteurs ès lois, procureurs, huissiers qui trouvèrent une consécration de leurs diplômes dans le service du roi, ainsi qu’une élévation sociale, faisant naître une noblesse de robe issue de la bourgeoisie. Associée aux banquiers, changeurs, merciers, cette noblesse de robe occupa les premières places dans la hiérarchie du consulat.
Émergent ainsi, issue du XVe siècle, la noblesse de l’époque moderne, un ensemble de familles importantes dont certaines doivent leur élévation sociale à la judicature, à la magistrature, à leur brillante réussite commerciale, aux alliances. Émerge aussi à partir du présidial, une bourgeoisie en mutation se signalant par son dynamisme, son ouverture d’esprit, son esprit d’entreprise et de conquête. Toutes qualités non éloignées de celles qui caractérisent le siècle et font émerger la bourgeoisie capitaliste.
Cette classe dirigeante, menant une vie bien remplie, participant activement à la vie municipale, se partageant entre la ville, la campagne et le salon ne pouvait rester à l’écart de l’influence des humanistes. En témoignent, les œuvres philosophiques et littéraires d’Etienne Forcadel et ses productions poétiques, dans lesquelles on trouve des traductions de Virgile, d'Ovide, de Lucien et de Pétrarque. En témoigne quelques décennies plus tard l’émergence de beaux esprits biterrois, habiles juristes, pratiquant les langues mortes, éminents juristes, écrivains.
Dans cette évolution des structures mentales, l’église joue un rôle structurant. En 1598, grâce à l’entregent de l’évêque Jean de Bonzi, la compagnie de Jésus reçoit la direction du tout récent collège de Béziers. Dès 1599, sept classes ouvrent. On y enseigne la philosophie (logique et physique), la rhétorique, les humanités, la grammaire. A travers cet enseignement, celui des bonnes mœurs, des belles lettre et de la piété, la mission du collège est de former les élites prises parmi les enfants des notables, d’assurer un enseignement principalement basé sur les belles lettres, sur les auteurs latins et grecs et de propager les idées et les mots d’ordre de la réforme catholique. La modernité des méthodes témoigne de l’ancrage humaniste : lecture de vers, de narrations, de discours dans une petit académie pour les élèves, soutenance de thèses, représentations théâtrales. Le rapide afflux des élèves témoigne de l’audience de l’institution auprès des familles et de sa réussite se marquant par la formation de clercs séculiers et religieux.
Dans le bouleversement des idées et de la culture, dans la vie de l’esprit et de l’âme qui caractérisent le XVIIe siècle, les Biterrois trouvent leur place. Les beaux esprits biterrois ne se limitent pas à une connaissance étroite, ils sont curieux de tout, formés et versés dans la connaissance des langues et littératures anciennes, auteurs de traités savants ou écrivains, certains d’entre eux sont de brillants causeurs, adulés dans les salons. Leur influence et leur renommée ne se limitent pas à un cercle local. Audacieux et épris d’aventures, quelques uns tentent leur aventure dans la capitale, s’imposent dans les salons à la cour et à l’académie française. Un tel rayonnement, une si belle réussite ne s’improvisent pas. Les réussites individuelles s’expliquent souvent par l’influence d’un milieu favorable, et en premier lieu par celle de la famille. C’est ainsi que la famille de Jacques de Cassan compte des juristes (avocats et membres du Présidial), des écrivains, des consuls. La famille de Pélisson tient alors le haut du pavé au sein de la société languedocienne. La famille de Jacques Esprit compte plusieurs enfants particulièrement brillants : Jean 1er, médecin de Monsieur, Thomas, abbé, Antoine, abbé et poète et Jacques Esprit lui-même. Il en résulte que dans le bouleversement du siècle, Béziers put trouver sa place.
Béziers ne reste pas à l’écart du mouvement des idées et des lumières du XVIIIe siècle. Sous l’influence de Dortous de Mairan, né à Béziers, qui témoigna pendant toute sa vie un indéfectible et émouvant attachement à la ville, est fondée le 19 août 1723 avec l’avocat Antoine Portalon et le médecin Jean Bouillet la société des sciences et belles lettres de Béziers en présence de plus de vingt personnes distinguées et de l’évêque. Une fondation qui témoigne de l’existence à Béziers d’un cénacle d’esprits curieux déjà assemblés autour des abbés Chauchard et Caylus, de M de Popian, des frères Portalon. L’Académie qui comprenait deux sections, une section lettres et une section sciences bénéficia des conseils éclairés et de la direction intellectuelle de Mairan qui exhortait ses compatriotes à perfectionner leur savoir et à s’imposer à l’extérieur par leurs travaux. A travers son existence, on distingue dans la ville un groupe d’ecclésiastiques, de médecins, de membres du présidial s’efforçant de suivre le mouvement intellectuel de l’époque et prenant part à l’épanouissement des lumières. Parmi eux, les docteurs Bouillet père et fils participèrent à l’encyclopédie de Diderot.
Les travaux de l’Académie semblent avoir été suivis attentivement et appréciés par le monde académique et scientifique, si bien que Béziers paraît avoir appartenu au monde très réservé des rares villes ayant un rayonnement scientifique reconnu : pour la France, Paris, Lyon, Bordeaux, Montpellier et, sitôt après Béziers.
Au cours de ce même XVIIIe siècle, la chapelle de musique de la cathédrale Saint- Nazaire entretint une précieuse activité musicale. Elle vit passer des musiciens de talent dont certains finirent à la chapelle royale tels Claude Quiclet, Bourrel, Jacques Tiffy. Ses maîtres de musique dirigeaient une maîtrise d’enfants de cœur qui recevaient une formation musicale, intellectuelle, religieuse et morale. Beaucoup de ces enfants firent de la musique leur métier et certains une grande carrière musicale, tel Pierre Gaveau, enfant de cœurs de cette maîtrise qui devint chantre à l’Église Saint-Séverin de Bordeaux, chanteur à l’opéra de Bordeaux, de Montpellier et de Paris et enfin compositeur d’opéras comiques.
Un mouvement des idées, qui se poursuit à la croisée du XIXe et XXe siècles pendant laquelle la ville occupe une place d’avant garde dans le spectacle lyrique et la peinture.
Beaux esprits, célébrités et notoriétés de Béziers
Sept Biterrois ont été membres de l’académie française : Jacques ESPRIT, Edgar FAURE, Pierre FLOURENS , Georges IZARD , DORTOUS de MAIRAN, Paul PELLISSON, Jean-Pons G. VIENNET.
Au panthéon des hommes célèbres de Béziers figurent Pierre-Paul Riquet, Jean Moulin.
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L’identité de Béziers : Le peuple et les ouvriers de Béziers
L’identité biterroise n’est pas l’apanage des seuls notables. Terre nourricière et carrefour de communication, le Biterrois est dès l’origine et d’une manière pérenne un territoire de migrations de peuplement qui attire tout un petit peuple, des paysans et des masses rurales, des hommes venus de milieux divers, qui éprouvent des difficultés à vivre et à survivre et qui connaissent la pauvreté. Alors qu’alternent les périodes difficiles ou de stagnation pour la cité, les périodes de prospérité telles que la prospérité viticole, s’accompagnent d’une explosion démographique et de l’arrivée de migrants, comme les Gavatchs ou comme l’immigration étrangère, venue d’Espagne, des Catalans ou des Majorquins. Ces nouveaux arrivants viennent naturellement grossir la classe ouvrière autour des trois noyaux principaux que constituent la domesticité, les salariés de la viticulture et les salariés des chemins de fer.Pauvres et menutz de Béziers
Au Moyen Âge, alors que l’ordre royal s’instaure à Béziers et que la bourgeoisie renfonce ses positions dans la ville, comme elle le fait dans toutes les villes du royaume, la pauvreté n’épargne pas le peuple. Au dessous des laboureurs, Béziers comptait beaucoup de simples travailleurs agricoles, qualifiés de brassiers mais aussi quantité de pauvres, les menutz, dont le nombre et l’importance sont attestés par des révoltes qui agitèrent la ville, par la tradition de charité qui se manifestait à l’occasion des Caritats, par le nombre important de couvents de frères mineurs dont on connaît le dévouement aux pauvres et aux démunis, par le secours, par l’organisation de soins dans les hospices.
Les compoix dressés à partir de la fin du XIVe siècle montrent que tout le monde ne profitait pas de la prospérité de l’économie de la cité. La ville comptait beaucoup de simples travailleurs agricoles, de serviteurs, de servantes, de manouvriers des fabriques ou des entreprises de construction, mal logés, mal payés et pourtant soumis à l’impôt par tête, la taille et par feu. Signe de bouleversement social, beaucoup de Biterrois de condition moyenne étaient passés dans la catégorie des pauvres et constituaient tout un monde de petits commerçants, de petits artisans et de petits propriétaires insatisfaits de leur sort. D’où une exaspération des clivages sociaux, sensibles dans toute l’Europe et dans le royaume et présents à Béziers.
L’administration de la ville par l’organisation et le fonctionnement du consulat étant entre les mains des hommes riches et d’un patriarcat peu nombreux, l’insatisfaction exacerbait le ressentiment, la colère, une révolte assez souvent incohérente que traduisirent un peu partout les troubles sociaux. Béziers n’y échappa pas et s’en prit comme partout ailleurs aux patriciens avec une certaine violence.
La hiérarchie des quartiers
Au XVIIIe siècle, se dessine dans la cité une hiérarchie des quartiers. Les bourgs de la Salvetat, de la Furastié, de Maureillhan, de Lespignan et de Saint-Louis sont réservés aux notables et aux riches ; le Capnau, les bourgs Saint-Aphrodise, Saint-Jacques, Montibel et Nissan sont des quartiers pauvres, peuplés d’ouvriers et de brassiers ; les bourgs du Roi, de Saint-André et de la Madeleine sont des quartiers où les notables côtoient le populaire. Ainsi se structurent et s’ordonnent un centre riche et une périphérie disposée en anneaux concentriques de richesse décroissante.
Les aspirations populaires à la veille de la Révolution
A la veille de la Révolution, on décèle à travers les cahiers de doléance, une part des aspirations des milieux populaires biterrois. Les travailleurs de la terre se plaignent du poids des impôts indirects. Ils déplorent le trop grand nombre de fêtes religieuses, chômées et non payées manifestent une hostilité à l’État pour la collecte des impôts, à l’Église pour les jours fériés trop nombreux. Ils réclament l’achat régulier par les officiers municipaux de grains pour éviter que la population la plus pauvre ne manque de pain révélant l’acuité de la question des subsistances et le risque de troubles dans le cas de crise et de pénurie.
Une longue conquête de la citoyenneté
Pendant la Révolution, compte tenu, du droit et des conditions d’éligibilité qui sont alors mis en place, les classes populaires, à Béziers comme ailleurs, demeurent toujours à l’écart du jeu politique électoral. A l’issue de la Révolution, si la bourgeoisie dans son ensemble a largement profité des mutations, les classes populaires, ouvriers, petits métiers, domestiques, consacrant l’inégalité de la répartition des richesses, ne possèdent que 4 % du revenu total.
Au cours du XIXe siècle, apparaissent à Béziers les prémices de la sensibilité républicaine et sous la monarchie de Juillet une certaine agitation sociale qui se manifeste par les premières grèves ouvrières des tonneliers en 1835 et des travailleurs de la terre en 1840.
Aux élections à la Présidence de la République du 10 décembre 1848, si Béziers manifeste par son vote une sensibilité de gauche, cette sensibilité, compte tenu des structures économiques du territoire entrées très timidement dans la modernisation est loin d’être en phase avec les ouvriers de la capitale et des grandes villes. Les préoccupations et les aspirations des Biterrois se trouvent alors très loin de celles du prolétariat ou même de celles de la classe ouvrière.
Evénement d’importance, le suffrage « universel » est établi par la Deuxième République en 1848. Même s’il exclut les femmes, les militaires, le clergé et les Algériens le corps électoral, jusque-là restreint par le suffrage censitaire, passe néanmoins de 246 000 à plus de 9 millions. Il en résulte que le corps électoral s’ouvre à Béziers au petit peuple. Dès lors, la sensibilité républicaine de la cité se manifeste aux élections du 8 février 1871 où la ville place les républicains nettement en tête.
Des prémices d’une sensibilité républicaine à l’hégémonie radicale
La résistance au coup d’État de 1851 et l’insurrection biterroise de décembre 1851 sont le signe d’une sensibilité républicaine mais modérée et non révolutionnaire. Une sensibilité républicaine qui demeure toujours vivace pendant la seconde moitié du XIXe siècle. Sous l’impulsion de la franc-maçonnerie dont le recrutement est volontiers populaire, le républicanisme reprend force et vitalité pendant la période d’évolution libérale du régime impérial. En 1870, un délégué de l’Association internationale des travailleurs (AIT), organisation de type syndical venu à Béziers y crée une société secrète des ouvriers tonneliers, sans qu’on puisse y voir une tonalité révolutionnaire avancée.
La suprématie radicale s’installe en 1885 à l’hôtel de ville avec Alphonse Mas qui demeure à son poste jusqu’en 1904. Le radicalisme de Béziers semble profondément laïque. Une laïcité qui s’appuie sur les théoriciens et les militants de la Ligue de l’enseignement, de la franc-maçonnerie, de la ligue des droits de l’homme qui ont leurs militants dans la cité. Aussi les lois de Jules Ferry sont-elles bien accueillies à Béziers, d’autant plus qu’elles avaient été fortement anticipées par la gratuité des écoles publiques, bien avant 1880, et par la laïcisation avancée du personnel. Elle se traduit, à la demande de la population, par l’ouverture de nouvelles écoles.
Cette hégémonie radicale subsiste pendant longtemps au XXe siècle, au moins à l’échelon municipal mais elle est contestée par le parti socialiste puis par le parti communiste et l’idéologie communiste.
La sensibilité radicale de Béziers a ses sources dans la sensibilité républicaine de la ville. Elle traduit l’état d’esprit commun à tous ceux qui revendiquent l’héritage de la Révolution française et aspirent à une politique de réforme conduisant à une démocratie politique et sociale fondée sur le suffrage universel et les réformes sociales. Une politique de réforme qui réaliserait pleinement la laïcité, la liberté et l’égalité mais qui n’entend pas rompre avec l’idéal révolutionnaire de la petite propriété. De populaire et urbain, le phénomène devient de plus en plus provincial et rural, ce qui conforte son implantation dans le Biterrois. Il est fortement représentatif des classes moyennes et oscille entre ses fidélités démocratiques et ses attaches avec le monde du commerce et de l’industrie. Au moins aux élections, il tire sa force à Béziers de l’unité qui s’y manifeste entre le courant républicain bourgeois et un courant républicain populaire. Unité faite, comme on l’a vu, d’anticléricalisme, d’attachement à la laïcité et d’aspirations égalitaires.
L’apparition d’une culture ouvrière
Si le parti communiste ne dispose dans un premier temps que d’un faible poids électoral, ses dirigeants, tels Raoul Calas, Etienne Fajon, Joseph Lazare, Paul Balmigère, sont de qualité. Le parti forme des cadres et pénètre peu à peu les entreprises industrielles en influençant le syndicalisme ouvrier au sein de la C.G.T. ou de la C.G.T.U. Les événements favorisent son implantation et augmentent son influence. Notamment à l’occasion des grèves de 1936 qui favorisent l’idéologie ouvrière au moins dans ses couches populaires. Béziers se place alors très largement en tête du mouvement gréviste héraultais. Il en résulte, une progression forte de la syndicalisation qui passera de 1 700 au début 1936 à 11 000 en 1937. La C.G.T. en sera la principale bénéficiaire mais le mouvement syndicaliste se diversifie avec la création de l’union locale de la C.F.T.C. confortée par l’apport de la Jeunesse Chrétienne Biterroise.
Alors que le mouvement de grèves éclate en mai 1936, à Béziers, il ne commence que le 10 juin aux usines Fouga et s’étend à de nombreux secteurs : agriculture, bâtiment, commerce. Au total, on enregistre trente-sept grèves et 7 800 grévistes . La C.G.T. et le P.C. qui influence beaucoup de ses militants jouent un rôle important dans leur déclenchement et leur déroulement, notamment deux syndicalistes de la CGT : Ricardo Sojat et Jean Domenech.
Dans l’immédiat après guerre, le parti communiste, solidement implanté dans la classe ouvrière et qui dispose d’un grand savoir faire dans la mobilisation des masses lors des manifestations, augmente son poids électoral dans la ville. De 1945 à 1947, le communiste Joseph Lazare est élu maire de Béziers. Cependant, bien qu’affaiblis du point de vue électoral, dès 1947, les radicaux n’en conservent pas moins la direction de la municipalité jusqu’en 1977 avec Émile Aïn, Émile Claparède et Pierre Brousse. Le parti socialiste, sorti affaibli de l’épreuve de la guerre, fait pencher la balance d’un côté ou de l’autre par son soutien ou son abstention. S'adressant surtout aux classes moyennes et aux fonctionnaires il ne parvient pas à remplacer le parti communiste dans les couches populaires. Présent pendant la magistrature de Paul Balmigère, il parviendra avec Alain Barrau à conquérir la mairie de Béziers de 1989 à 1995.
Les conflits du travail font irruption dans la cité, souvent orchestrés par la C.G.T. avec le soutien du P.C.F. qui cherchent à faire la démonstration de leur force. Il en résulte des conflits très durs, des grèves largement suivies, émaillés quelquefois de violents incidents (3 décembre 1947). Les conflits du travail, le très long mouvement de grève de 1968, le conflit de la Cameron en 1977, les actions menées contre la fermeture des usines, longues, exacerbées, sans concession, telles la lutte contre la fermeture des usines Fouga en 1961, 1962, 1964, ou celle de la succursale Renault, n’empêchent rien mais donnent à la ville une réputation qui éloigne momentanément, mais non définitivement, les implantations nouvelles.
Depuis les années 1953, Béziers est devenue un des lieux principaux des rassemblements et des protestations des viticulteurs et inaugure une nouvelle forme d’action, le barrage routier. La ville se montre souvent solidaire, son économie essentiellement viticole la rendant sensible à la chute des cours du vin ou aux importations de vins étrangers. C’est ainsi que le 5 février 1976, les syndicats ouvriers accordent leur soutien aux organisations viticoles et les commerçants participent à une opération violente. Pour spectaculaires, violentes et médiatiques qu’elles soient ces actions ne règlent rien et freinent au contraire le renouveau de la viticulture.
Le rôle du petit peuple
Au même titre que les Grands, que l’Église ou que les notables biterrois, le petit peuple par son travail a contribué à construire Béziers et à modeler son identité. Une réelle culture ouvrière est apparue dans la cité au cours du XXe siècle. Citadelle maçonnique avec la longue domination des radicaux, la cité à travers ses couches populaires a été sensible à l’idéologie ouvrière, communiste et socialiste. Une idéologie qui est aujourd’hui en fort déclin à tel point que la ville paraît actuellement se situer au centre et osciller entre le centre gauche ou le centre droit.
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