Histoire de Béziers et du Biterrois |
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1. Les origines du Biterrois : un espace naturel structuré par l’histoire
L'histoire d'un site se forge à partir d'éléments facilitant l'occupation urbaine. Le site de Béziers y est particulièrement propice. La mer y est toute proche, l'Orb, entouré de plaines fertiles, offre une voie de pénétration vers la montagne et le rebord oriental du Massif Central, quelques buttes (pechs) permettent d'assurer une défense naturelle. Une terre hospitalière, un climat privilégié, une nature généreuse, prodigue en gibier, poissons, coquillages, baies et fruits de toutes sortes, tout concourt à attirer des populations désireuses de se fixer sur une terre hospitalière.
Il n'est donc pas étonnant que les prémices de la ville se forgent il y a 7 000 ans. Mais il n'est pas exclu, comme le montrent des fouilles récentes et la mise à jour d'un atelier de silex de la période magdalénienne, que le passé de Béziers puisse être recule à 12 000 ans.
L’absence de barrières naturelles dans l’espace Biterrois, comme la diversité, la complémentarité des ressources expliquent qu’il ait été occupé dans son ensemble. Les principaux sites archéologiques du Biterrois se situent aussi bien dans la région montagneuse, dans la haute vallée de l’Orb que dans la moyenne vallée, et la zone de garrigues. La plaine littorale a été intensément occupée de même que les marges du Biterrois.
Le peuplement du Biterrois est constitué par un élément autochtone, vraisemblablement ibère, qui s’unit à l’élément celte, des migrateurs des Champs d’urnes. Les migrations se poursuivent pendant plusieurs siècles, en plusieurs vagues, selon les modalités connues des invasions indo-européennes. Elles donnent lieu à la création de nombreux nouveaux villages, à une assimilation des communautés et à un brassage des cultures.
A partir de la troisième période du premier âge du fer, l’origine des migrateurs n’est plus exclusivement Celte. Sur la basse plaine, s’installent de nouveaux migrateurs venus par le couloir rhodanien, par les cols des Alpes et par l’Italie du Nord. Il en résulte une origine qui peut être aussi bien ligure que celte. Entre 250 et 230 se produit l’arrivée d’une dernière vague celtique, celle des Volques (les Volques Arécomiques sont à Nîmes, les Volques Tectosages sont à Béziers). La domination des Volques impose un ordre et un régime politique, l’apparition d’une nouvelle ville mieux ordonnée, d’une aristocratie militaire ou foncière, l’émergence d’un territoire constitué par l’ensemble de l’espace Biterrois.
La géographie du territoire, sa situation de carrefour et de passage obligé l’ouvrent sur l’extérieur et aux échanges. Les voies que suit le trafic sont sensiblement constantes : la mer qui fait converger vers Agde, et peut-être vers d’autres embouchures tous les produits de la Méditerranée ; perpendiculairement, la voie héracléenne, enfin les routes de pénétration, vallées fluviales prolongées par des drailles, qui viennent s’embrancher sur elles.
Il en résulte une ouverture constante et pérenne aux rapports commerciaux. Le Biterrois est dès le premier âge de fer, le centre d’un grand commerce à rayon d’action considérable. L’étain des Cassitérides (îles Scilly, îles de Grande-Bretagne, au large de la Cornouailles) y parvient au terme d’un long parcours maritime et surtout terrestre. Des Grecs d’Orient, bientôt relayés par les Étrusques et les Marseillais, y vendent leurs produits de luxe et s’approvisionnent en produits essentiels pour eux. Deux voies les relient à l’Espagne : l’une par mer, l’autre par terre. Cette dernière est bien attestée sous son nom mythique de route héracléenne, elle est au reste jalonnée par les oppida qui la bordent. Le commerce (le négoce crée l’urbanisation) semble avoir joué un rôle déterminant dans la fondation à peu près simultanée des oppida. Grâce à son comptoir d’Agde, Marseille a pu développer une emprise économique (mais aussi exercer une influence grecque sur le plan technique et culturel) sur le Biterrois, sans empêcher cependant l’intensification de ses relations avec l’Espagne et le monde celtique.
Les origines du Biterrois : un espace naturel structuré par l’histoire Sommaire :
- L’espace naturel
- Le caractère favorable du milieu naturel
- Une occupation de l’ensemble de l’espace
- Un espace progressivement structuré se transformant en territoire
- Les migrations facteurs d’assimilation des communautés et de brassage des cultures
- Les voies du trafic commercial, une situation de carrefour
- Les rapports commerciaux et la rencontre d’autres civilisations
- Les contacts avec l’hellénisme
- L’émergence d’un territoire
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2. Le premier bon choix de Béziers : la fidélité à l'ordre romain
Jules César, convaincu que l'ordre romain devait être étendu à ce qui allait devenir la Narbonnaise, comprit très vite le rôle important que pouvait jouer Béziers grâce à sa position stratégique permettant de surveiller la circulation tant sud-nord qu'est-ouest. Cette surveillance impliquait que Béziers soit neutralisée et son territoire pacifié. Rome transforme sa conquête en une colonie confiée aux vétérans de la septième légion, «colonia urbs Julia Septimanorum Baeterrensis».Malgré quelques révoltes et résistances, le premier bon choix de Béziers est d'avoir accepté assez vite l'ordre romain. Le loyalisme de la cité se traduit sur le plan politique par un statut privilégié, celui de colonie romaine conférant aux habitants de Béziers les privilèges des citoyens de droit romains.
Ce statut privilégié rend en partie compte des avancées de la romanisation dans le Biterrois. Cette romanisation a laissé une empreinte sur la cité, encore visible aujourd'hui dans la géographie urbaine de la ville : le pont vieux qui remplace le gué pour le franchissement de l'Orb, un amphithéâtre (les arènes romaines), et le quadrillage des quartiers autour de deux grands axes traditionnels, cardo et decumanus.
Autre atout majeur, l'introduction de l'ordre économique romain qui permit par le recours à l'outil cadastral d'asseoir la domination de Béziers sur la campagne et de contrôler l'économie. Cet outil cadastral permit aux colons de prendre la possession des terres et d'utiliser la villa comme nouvel outil de domination et de transformation des campagnes. Les conditions d'exploitation ainsi modifiées stimulèrent puissamment l'économie et fondèrent la prospérité de Béziers. Vivant sur sa campagne, la cité devint le coeur vivant d'un territoire productif, un lieu de consommation et d'étalage des richesses. La ville draine alors l'essentiel des productions, organise et contrôle la vie des campagnes. Elle est un pôle d'attraction et culturel. Béziers se construisit ainsi au coeur d'un territoire dont elle ne se séparera plus et dont l'unité organique et les racines plongent dans la plus haute antiquité.
Les anciennes arènes romaines (1er siècle après J.C.)
Un amphithéâtre ovale pouvant contenir treize mille spectateurs environ ; édifié partie sur le flanc nord-est de la colline Saint-Jacques et partie sur des terrassements. Son arène mesurant 62 mètres sur 42,30 mètres. Il témoigne de l'importance de la ville romaine.L'aspect général actuel du site est médiéval, tant il a été récupéré et utilisé au Moyen Âge comme espace à bâtir en même temps qu'il a servi de carrière pour la construction de l'église Saint-Jacques proche.
Le premier bon choix de Béziers : la fidélité à l'ordre romain
Sommaire :
- Les conditions de l’implantation romaine dans la région
- Le Biterrois, territoire pacifié, l’acceptation de l’ordre politique romain
- L’intégration dans l’ordre économique romain
- Les caractéristiques principales de l’économie
- Les activités rurales traditionnelles
- Le vignoble et la viticulture, originalités rurales du Biterrois gallo romain
- La diversité des ressources locales
- Une situation de carrefour
- L’intégration dans des structures économiques plus amples
- La domination de Béziers sur la campagne et sur le contrôle de l'économie
- L’empreinte de la romanisation sur la cité
- Le premier bon choix de Béziers : la fidélité à l'ordre romain
- Une complète romanisation qui traduit l’intégration et la fidélité à un ordre social, central et politique
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3. Le christianisme biterrois, l’église comme facteur de structuration du territoire
Les Biterrois tiennent beaucoup aux origines mythiques du christianisme dans leur cité. La légende de Saint Aphrodise est célèbre, venu d’Egypte, sur son chameau, c’est un saint martyr, décapité, dont la tête jetée au fond d’un puits, remonta sous l’effet de l’eau du puits, ce qui permit à Saint Aphrodise de s’en saisir et de la porter sur sa poitrine jusqu’au lieu de sa sépulture. Elle sous tend une affirmation : Béziers est l’une des premières villes à s’être convertie au christianisme et c’est le tout premier des apôtres du Christ (d’après la légende, en Egypte où Joseph et Marie s’étaient réfugiés, dès la naissance de Jésus, Aphrodise reconnut sa divinité). Elle témoigne toutefois, et bien que Béziers n’ait pas été une ville cosmopolite, la permanence de liens avec l‘Orient.En réalité, les origines du christianisme dans Béziers restent obscures. Les débuts de l’évangélisation sont inconnus et la date de la création du siège épiscopal ne peut être fixée, très approximativement, qu’entre 250 et 350. Cependant, dans le courant des IVe et Ve siècles, la diffusion du christianisme semble attestée. La tenue d’un concile arien à Béziers en 356 laisse penser que la ville était déjà suffisamment christianisée et non hostile.
Les institutions de l’église se développèrent dès l’Empire et jouèrent un rôle certain dans la structuration de l’espace biterrois. Les groupements en diocèses, en provinces et en patriarcats, se moulèrent sur les divisions de l’administration civile et imposèrent un cadre administratif. Comme l’église put pendant les invasions barbares et les bouleversements de souveraineté qui en résultèrent conserver une influence spirituelle, morale et juridique ainsi qu’une permanence dans son organisation, il en résulte que le diocèse ait pu jouer un rôle certain dans la structuration de l’espace, dès lors que les sièges épiscopaux restaient pourvus de titulaires .
Le christianisme biterrois, l’église comme facteur de structuration du territoireSommaire :
- Des origines difficiles à connaître
- Le rôle institutionnel de l’église dans la structuration de l’espace
- Le rôle de l’église carolingienne
- L’église comme élément structurant du Béziers médiéval
- Structuration, unité et vécu sociologique du christianisme à Béziers
- Le rôle des ordres mendiants
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4. De la septimanie à la féodalité
Béziers se dégage de l'Antiquité à travers les envahisseurs qui s'attaquent au monde romain. Elle vécut plus de deux siècles sous la domination des Wisigoths et fut intégrée dans la la Septimanie, marche gothique établie au nord des Pyrénées. Elle connaîtra pendant une trentaine d'années la domination des Arabes avant d'être par la conquête, incorporée à l'État Franc en 759. La brève occupation arabe apparaissant comme une période de transition, le destin de la Septimanie sera ultérieurement d'être tiraillée entre deux pôles : le royaume d'Aquitaine et les comtes toulousains à l'ouest, la marche d'Espagne et les comtes catalans au sud.Pendant la période carolingienne, Béziers était administrée par un comte relevant du chef de la marche de Gothie qui lui-même était reconnu par le souverain carolingien. Avec l'affaiblissement des Carolingiens s'ouvre une période trouble où les liens avec l'autorité centrale, derniers carolingiens ou capétiens se distendent et s'effacent. C'est alors qu'apparaît la féodalité tandis que les vicomtes aux alentours de 820-830 remplacent les comtes à Béziers, comme à Narbonne, Agde, Lodève et Nîmes.
La vicomté de Béziers naît sur l'espace de l'ancienne civitas romaine et passe bientôt entre les mains des Trencavel, une famille déjà possessionnée à Carcassonne, à Albi et à Nîmes. Avant les années 1050, Béziers est un château à fonction défensive d'une cité qui apparaît comme un lieu clos. Cette vocation militaire donne d'abord une supériorité au pouvoir vicomtal. Mais bientôt, le vicomte doit partager la seigneurie et donc le pouvoir avec l'évêque mais aussi avec les abbés de Saint-Aphrodise et de Saint-Jacques qui ont obtenu chacun une juridiction sur le quartier de leur abbaye. La transition et le passage de la vocation primitive de défense à d'autres fonctions liées à l'artisanat, aux échanges commerciaux et à la complexité croissante des tâches d'encadrement d'une population urbaine plus nombreuse et plus diversifiée expliquent cette mutation. Les préoccupations des chefs de l'église de Béziers seront alors d'intégrer tous ces hommes et les institutions naissantes dans le tissu social nouveau et de consolider à leur profit les fonctions nouvelles et les structures qu'il en résulte.
Manifestant un esprit fondeur et d'opposition qui accepte mal l'autorité, la bourgeoisie va, une des premières en Languedoc, chercher à affirmer son autonomie et son désir d'administrer la cité. Cela ne se fait pas sans tensions et sans difficultés. En témoignent, l'assassinat du vicomte Raimond en 1157 et les heurts assez violents avec son fils, le vicomte Roger, désireux de venger le meurtre de son père. Cependant, la bourgeoisie acquiert une charte et un consulat mentionnés pour la première fois en 1131. Ainsi s'affirment le fait urbain et une force communautaire qui expliquera en partie le gran mazel de 1209.
C'est pendant cette période qu'un art roman original se manifeste à Béziers avec la construction de Saint-Aphrodise et de la Madeleine, églises sur plan basilical à trois nefs.
Le temps des forces centrifuges
- Un territoire soumis aux aléas de l’Histoire et tiraillé par des forces centrifuges
- Le déclin du monde romain
- L’invasion des Barbares
- Le déferlement des Arabes
- La domination franque
- Le temps de l’Europe Féodale
- Un territoire qui échappe partiellement aux forces centrifuges
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La cathédrale Saint-Nazaire
Le Jardin des évêques
L'église de la Madeleine
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5. 1209 : la croisade contre les Albigeois et le sac de la ville
En juillet 1209, la ville de Béziers acquit une terrible célébrité. La croisade contre les Albigeois entraînait le massacre des biterrois et le sac de la ville était raconté par les chroniques de toute l'Europe. Or ni les Biterrois ni leur vicomte n'étaient des cathares. Ce sont des raisons particulières à Béziers qui expliquent le massacre. L'esprit de tolérance avait fait admettre à l'intérieur de la cité et même protéger les juifs et les Cathares. Sensibles à l'anticléricalisme et à la contestation de membres du clergé souvent égarés dans le luxe et éloignés des préceptes évangéliques, à la contestation que faisaient les Cathares de l'église, les Biterrois et en particulier les states nobles et chevaleresques, étaient touchés cependant et rendus hostiles au clergé par les exigences ecclésiastiques qui exigeait des laïcs le retour à l'église de tous les revenus ecclésiastiques notamment des dîmes sur les récoltes et le croît des troupeaux. Au même titre que l'esprit de tolérance, que la contestation, l'attachement aux libertés et la force communautaire expliquent le refus de livrer à l'armée des croisés, conduite par les légats pontificaux, les quelques deux cents Cathares de la ville : «plutôt être noyés dans la mer salée»Le 22 juillet, le lendemain de l'arrivée des croisés Béziers était prise. Les ribauds et d'autres individus de cette espèce s'étaient rués sur la ville sans attendre l'ordre des chefs, pour franchir les fossés, briser les portes, escalader les murs et prendre la ville. Ce fut alors le pillage et le massacre. Ni l'asile des églises (la Cathédrale et la Madeleine furent incendiées et en partie détruites), ni les ornements sacrés des prêtres, n'arrêtèrent les ribauds. Le butin était immense, mais les chevaliers croisés reprirent la situation en main et d'après la Chanson, les ribauds se voyant privés de leurs prises mirent le feu à la ville. Normalement, la conquête d'une ville par la force ne signifiait nullement la mort de ses habitants. Pour la première fois en Occident, le droit des gens était bafoué et ce par l'Église, au nom de l'orthodoxie et de la foi. Il en résulte que ce massacre demeura dans la mémoire des Biterrois et laisse encore un souvenir intense.
En dépit de l'épouvante, des destructions, des deuils, de la violence de l'épreuve, la reconstruction paraît rapide dans tous les domaines. La ville se repeuple en accueillant des étrangers à qui l'on accorde des avantages fiscaux. L'activité agricole reprend dans les campagnes, l'artisanat renaît et se développe. Les problèmes d'intendance, de voirie occupent les consuls, le tissu urbain se densifie au fil des ans. Les édifices ruinés sont reconstruits : pendant tout le XIIIe siècle, la cathédrale reprise en style gothique à partir des restes romans de l'incendie de 1209 est un chantier permanent. De nouveaux ordres religieux s'installent : Clarisses en 1240, du vivant même de Sainte Claire, Carmes, Dominicains - agents actifs de la reconquête des âmes après le passage du catharisme - Franciscains.
Télécharger le dossier : L’hérésie cathare, la croisade des Albigeois et ses conséquences politiques Sommaire du site
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6. La fidélité à l'ordre royal et la soumission à l'ordre catholique et françaisLe résultat politique de la croisade des Albigeois se produira en 1247, les Trencavel sont évincés au profit du roi devenant à son tour co-seigneur de Béziers. Avant même cette annexion, Béziers avait affirmé sa fidélité du roi à plusieurs reprises, notamment en 1240 lorsque Trencavel envahit la région de Carcassonne.
En manifestant sa fidélité au roi, Béziers bénéficia d'avantages non négligeables. Béziers devint le siège de la présence royale dans la région et la capitale des provinces du Midi fidèles au roi. La ville devint même une sénéchaussée, sans pouvoir cependant, sous la pression des carcassonnais, conserver une autonomie complète. En 1552 le Présidial judicature qui donne prestige, autorité et qui offre aux Biterrois sièges et offices, se substitue à la sénéchaussée.
Cela n'exclut pas les tensions et la contestation qui se manifestent dans la sédition en 1381 des «menuts» (les petits, les pauvres, les moyens), contre les «grosses» (les gros -) et contre le duc de Berry, gouverneur du Languedoc à la poigne fiscale un peu rude. Mais l'essentiel est ailleurs : dans les contre-coups de la guerre anglaise - les Anglais, maîtres de Castres, font des incursions jusqu'aux portes de Béziers - ; dans la guerre entre Armagnacs et Bourguignons - Béziers est plutôt bourguignonne - ; dans les difficultés du quotidien. Les chroniques consulaires regorgent de pestes, de sécheresses, de gels, d'inondations, de ravages de sauterelles. Toutes préoccupations qui consacrent le visage de marché agricole que la ville conservera longtemps.
Si les élites biterroises - quelques familles nobles, des gens de robe, des marchands furent gagnés à la réforme, Béziers ne fut pas une ville protestante, bien qu'elle ait pu exciter la convoitise des seigneurs protestants de la «montagne» proche, connaître épisodiquement l'occupation protestante, et la main-mise des «religionaires» sur Béziers au début des guerres de religion, pendant quelques mois (1562-1563). Cette fidélité au catholicisme et à la monarchie s'explique par l'action des évêques italiens (sept entre 1547 et 1669), les Bonsi, et du gouverneur du Languedoc Montmorency-Damville aussi éloigné des excès de la ligue catholique que des ambitions de certains protestants. La saint Barthélemy n'aura ici ni écho ni application. C'est le triomphe de la«politique de juste milieu».
Entraînée par sa fidélité aux Montmorency, dans la révolte du duc de Montmorency contre le gouvernement royal (révolte de type encore féodal et refus du pouvoir grandissant de la monarchie incarné par Richelieu), Béziers revint vite dans l'obéissance du roi lorsque Montmorency fut vaincu. L'édit de Béziers de 1632, adopté à Béziers fait disparaître les derniers privilèges de la province du Languedoc. Si on ajoute que triomphe la réforme catholique soutenue par les évêques italiens, que le français supplante progressivement l'occitan encore vigoureux au début du XVIIe siècle, on peut dire qu'à partir de 1650, l'ordre monarchique, l'ordre catholique et l'ordre français coïncident.
Dans la tradition de la fête des Caritats, en 1612, naît le théâtre occitan de Béziers qui donnera de 1615 à 1657 des pièces, dont vingt-quatre ont été conservées grâce à l'imprimeur biterrois, Jean Martel. Théâtre populaire, joué à même la rue sur des tréteaux dressés devant l'hôtel de ville, mettant de plain-pied acteurs et spectateurs dont on peut imaginer aisément qu'intervenant par des lazzis, des quolibets ou des boutades, ils participent vraiment au drame. Théâtre biterrois dont les thèmes sont souvent empruntés à l'actualité et offrent l'occasion de brocarder les notables. Théâtre occitan, exprimé dans une langue vigoureuse qui continue à être parlée au quotidien.
Il faut remarquer que ce théâtre très biterrois dans ses thèmes comme dans son expression a pu influencer le théâtre français du XVIIe siècle, et plus particulièrement celui de Molière qui se trouve en Languedoc de 1653 à 1658, comédien à la suite du prince de Conti. On croit, en effet, dans certaines des pièces de Molière déceler l'utilisation d'éléments puisés dans le théâtre de Béziers, notamment dans certains passages de l'École des maris.
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La fidélité à l'ordre royal
- La soumission à l’ordre royal
- L’affermissement monarchique
- Les transformations et l’épanouissement de la ville royale
- La crise du bas Moyen Âge, une série d’épreuves
- Les conséquences des crises
- Les aspirations à la paix et à l’unité
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Le temps de la Renaissance et des discordances religieuses
Le temps de la Renaissance est pour l’Europe une période de bouleversements. Bouleversements techniques, bouleversement industriel, bouleversement économique, bouleversement scientifique et véritable mutation intellectuelle.Condition ou conséquence de ces bouleversements, le souci de bien distinguer ce qui est de la matière et de l’esprit, la recherche du vrai, les ruptures avec les façons de faire et les habitudes de pensée font naître une autonomie de l’individu et un individualisme européen. Soulevé par le ferment chrétien, l’individualisme européen rend possible de profonds bouleversements religieux. Si bien que le XVIe siècle est un siècle de nouvelles structures mentales, religieuses, économiques, étatiques, géopolitiques.
Par rapport à ces grands bouleversements, l’histoire du Biterrois semble frappée d’immobilisme ou de continuité. La rupture avec le Moyen Âge n’est marquée par aucun grand événement, par aucune grande mutation. Tout semble indiquer que le Moyen Âge se prolonge dans la cité jusqu’au début du XVIIe siècle. Prise dans la trame des jours et des travaux, Béziers, à première vue, passe à côté des bouleversements de la Renaissance et la réalité quotidienne, les structures du pouvoir les comportements y évoluent lentement. Cela n’a rien d’exceptionnel. La rupture est à cette époque celle d’un homme ou de quelques hommes, elle est attachée aux liens de famille, de clientèles, de corps et de communauté avant de concerner toute la société. Les hommes qui comptent alors à Béziers, comme dans le Biterrois, tels les Montmorency, paraissent plutôt enclins à participer aux troubles politiques.
Les nouvelles structures mentales dont l’apparition marque le XVIe siècle et la Renaissance ne se traduisent pas à Béziers par de forts bouleversements, ni par la présence de fortes individualités, d’hommes éminents et emblématiques de la culture humaniste. Cela ne veut pas dire que la Renaissance y ait été absente. On peut la déceler en germe à Béziers et la civilisation qu’elle révèle a pu y naître dès le Moyen Âge et s’épanouir lentement et d’une manière ininterrompue dans les temps modernes.
Les nouvelles structures religieuses, la réforme et les troubles
Les nouvelles structures religieuses et la réforme n’expliquent pas à elles seules les guerres de religion qui marquent la seconde moitié du XVIe siècle. La mort prématurée de Henri II laissa le royaume à des rois mineurs, François II, Charles IX avec une régente, Catherine de Médicis. A la cour les Grands, Guises et Bourbons, se disputèrent l’influence. Les guerres de religion, marquées par le massacre des protestants le jour de la Saint-Barthélémy qui compromirent le pouvoir royal, ne peuvent s’expliquer par les seuls désaccords religieux. Les ambitions politiques s’ajoutèrent souvent aux desseins confessionnels.
Béziers n’échappa pas ni aux unes ni aux autres.
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Sommaire :
L’autorité royale et celle de l’État
Les structures économiques
Les nouvelles structures religieuses, la réforme et les troubles
Les nouvelles structures mentalesSommaire du site
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Le XVIIe siècle à Béziers : le cheminement vers l’état moderne
Apparemment siècle de la stabilisation économique, religieuse, de progrès de la pensée, de l’affirmation des États nationaux par la volonté de leurs souverains, nourris de droit romain et imbus d’absolutisme, le XVIIe siècle est un siècle de bouleversements et en premier lieu d’un bouleversement d’idées. Un siècle qui a vu s’affirmer le bourgeois, s’épanouir le capitalisme commercial et croître le capitalisme industriel, le mercantilisme et la monarchie absolue atteindre leur perfection propre. Un siècle qui a vu l’apogée du baroque et du classique, qui a produit Galilée, Pascal, Newton. Un siècle où l’esprit humain a rompu avec Aristote, qui a saisi l’univers par la mathématique et l’expérience, où savants, philosophes ou religieux ont ouvert l’infini à l’homme et lui ont proposé le progrès sans limites. Un siècle où des chrétiens, tels Pascal, recherchent un infini de sainteté et de perfection, vers l’infini d’amour. Dans ce bouleversement du siècle, comment se situe Béziers ?
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Sommaire :
Troubles politiques et cheminement vers l’État moderne
Le rôle des évêques dans la francisation politique de Béziers
Les mutations de l’économie
Le canal des deux mers, une chance pour Béziers ?
Un projet et une présentation bien muris démontrant l’habileté de Riquet
La mise en œuvre du Canal
La ville de Béziers sut-elle mettre à profit les avantages fournis par le canal ?
De la tradition de la fête au théâtre occitan
Les idées et la culture, la vie de l’esprit et de l’âmeSommaire du site
7. Pierre-Paul Riquet le grand personnage historique de Béziers
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Le canal des deux mers (Canal du Midi) , invention et oeuvre Pierre Paul Riquet, souligne la ténacité, le savoir faire, le dynamisme, la qualité de gestionnaire d'un Biterrois.
Le projet avait pour objectif de donner «aux Nations de toutes les parties du monde et à la France, la possibilité de relier la Méditerranée à l'Océan en peu de jours et à peu de frais». Construit de 1667 à la mort de Paul Riquet en 1680, l'oeuvre stupéfia jusqu'à ses plus farouches détracteurs.
Réalisation prestigieuse et unique par son ampleur, la perfection de ses ouvrages d'art, les innovations apportées dans le domaine des sciences appliquées, le Canal du Midi offre à Béziers un patrimoine de première grandeur (classé au patrimoine mondial de l'humanité).C'est autour de Béziers que le canal a édifié les ouvrages d'art parmi les plus prestigieux : le tunnel du Malpas à Nissan, l'écluse ronde d'Agde et les écluses de Béziers prolongées au XIXe siècle par le superbe pont-canal sur l'Orb.
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Le tunnel du Malpas ![]()
Les Neuf Écluses de Fonseranes ![]()
Le Pont Canal
Si Béziers ne sut pas tout à fait mettre à profit tous les avantages fournis par le Canal, et parut souvent, à l'inverse des cités du haut Languedoc, peu soucieuse de trouver un plein débouché à ses productions, elle put toutefois en bénéficier pour l'exportation de ses alcools par Sète et par Bordeaux. Grâce à la distillation des vins de son terroir, la ville devint un grand marché des alcools qui ajoutait une activité nouvelle à sa tradition et à sa fonction agricoles.
L'érection de la statue de Paul Riquet, initiée par la Société archéologique de Béziers et inaugurée le 21 octobre 1838 au sud des Allées Paul Riquet a été un coup de maître permettant à la ville de trouver en Paul Riquet le grand personnage qui lui manquait.
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Le siècle des lumières
A juste raison, le XVIIIe siècle est considéré comme «le siècle des lumières», les sciences s’y développent prodigieusement et forment un édifice complet. Le progrès des connaissances développe la foi en un progrès continu de l’humanité. Les techniques se perfectionnent et la seconde révolution industrielle qui se produit en Angleterre, touche le continent. Dans toute l’Europe, l’accroissement de la circulation de l’or et l’argent, l’augmentation du nombre des hommes, l’intensification des échanges avec les pays d’outre-mer font monter les prix réels, multipliant les profits. Partout les villes se gonflent, la bourgeoisie croît en nombre et en puissance mais elle se heurte aux aristocraties et à l’absolutisme. L’évolution de tout le siècle conduit à une Révolution. Béziers et le Biterrois se montrent-ils sensibles à cette évolution ?
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Sommaire :
Introduction
L’évolution des structures
Le mouvement des idéesSommaire du site
8. Le coup de grâce porté aux ambitions de Béziers
La situation privilégiée de carrefour de Béziers, son lointain passé, les apports extérieurs de population que la ville a toujours su intégrer, son choix de l'ordre romain, sa fidélité à l'ordre catholique, son ralliement à l'ordre royal et à l'ordre français, l'importance de sa viticulture, son rôle commercial important, son statut de chef lieu d'une vaste sénéchaussée auraient dû permettre à la ville de supplanter les autres villes languedociennes et de devenir une capitale régionale. Il n'en fut rien.Cela s'explique en partie par un certain immobilisme et un manque de dynamisme, un enfermement dans un espace trop figé. A la fin de l'ancien régime, la ville semble un peu paralysée par les traits que l'histoire lui a donnés : marché agricole qui vit de la rente foncière sur son terroir ; ville d'administration autour de l'évêché, du présidial et du consulat ; ville catholique dans laquelle foisonnent les couvents (une quinzaine couvrant 20 % de l'espace bâti).
La Révolution trouble assez peu cette tranquillité : elle entraîne peu de violences et n'amène pas la guillotine à Béziers. La bourgeoisie qui jouissait depuis plus d'un siècle du quasi monopole de l'instruction et du savoir prend le pouvoir politique à la mairie et au district et conforte sa puissance économique en achetant massivement les biens nationaux du clergé qu'elle conservera pendant plus de deux siècles. Mais manifeste un certain conservatisme, et donne à la ville, l'image d'un esprit frondeur acceptant mal l'autorité, surtout si elle vient de l'extérieur.
La révolution portera le coup de grâce aux prétentions de Béziers de jouer un rôle supérieur aux autres villes de sa taille. Bien que le corps municipal ait demandé de devenir le chef-lieu d'un département englobant pour l'essentiel le territoire de l'ancienne sénéchaussée (anciens diocèse de Béziers, Agde, Saint-Pons et Lodève), une autre solution fut retenue en janvier 1790 créant le département de l'Hérault dont Montpellier serait le chef-lieu. Décision capitale dont la ville a sans cesse souffert. Le siège de l'évêché départemental, reçu en compensation ne demeura à Béziers que de 1791 à 1801.
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Béziers dans la Révolution
La Révolution Française représente une époque de l’histoire de la France, de l’Europe et du monde rompant la chaîne du temps. Elle constitue une rupture considérable qui abolit la monarchie, invente de nouveaux rapports sociaux. Elle crée une langue politique inédite et jette les bases d’une nouvelle culture politique. La violence qui s’y exprime accentue la novation. Dans cette rupture et cette novation comment se situe Béziers ?
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Sommaire :
Introduction
Béziers, à la veille de la Révolution
Chronique de la Révolution
Bilan de la révolution dans la ville, l’ordre républicainSommaire du site
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9. Le siècle d'Or de Béziers
La véritable révolution, deux générations après celle de 1789, est la naissance du grand vignoble. La vigne descend des coteaux où elle s'était longtemps cantonnée et envahit la plaine. Le triomphe de la vigne consacre un vignoble de masse - sans cru renommé - un vin dit ordinaire et surtout l'alliance intime entre la ville et la viticulture grâce à une extraordinaire prospérité, une alliance si étroite qu'elle résiste aux crises, dissimule les autres activités, mêmes industrielles et, au temps des difficultés, bloque les possibilités d'évolution.La vigne va commander le développement industriel, soit en suscitant des activités autour de la production du vin, soit à partir de 1890 surtout, en investissant les profits dans des activités industrielles distinctes d'elle. La construction des chemins de fer, 1857 Bordeaux-Sète, 1895 Béziers-Paris par le Massif Central, assure le débouché facile de ce vignoble de masse. Les conséquences sont formidables. Malgré les crises de l'odium (1860), du mildiou (1875) et même du phylloxera (1885), le vignoble biterrois et narbonnais sort renforcé. La grande prospérité qui s'établit grâce à la viticulture, la richesse et le développement économique qu'elle a engendrés expliquent le grand attachement de Béziers à la vigne.
Du point de vue démographique, le nombre des Biterrois quadruple en moins d'un siècle : 13 500 en 1816, 53 000 en 1901. La ville, offrant du travail, attire de nouveaux habitants, en particulier les populations pauvres du Massif Central. C'est le phénomène «gavatch» qui fait affluer les Rouergats, Tarnais et autres Cantalous.
Longtemps confinée dans ses murs, la ville s'étend débordant les Allées Paul Riquet, triplant sa superficie, tandis que le vieux centre urbain est aéré par les larges percées, rue Flourens, place Saint-Félix, rue de la République, rue nationale. Les Allées Paul Riquet sont achevées dans le décor que nous leur connaissons avec la statue de Paul Riquet (1838), le théâtre (1844) et leur prolongement, le jardin des poètes (1875). Entre 1870 et 1914, un grand nombre d'édifices publics sont construits : gare, pont, halles, caisse d'épargne, lycées, églises, arènes, hôtel des postes, hôpital, stade de Sauclières.
Dans le domaine architectural, l'éclectisme domine. Grâce aux revenus abondants qu'apporte la viticulture, à la fin du XIXe siècle, se construisent les châteaux pinardiers, en réalité des maisons de maître de style Renaissance, Louis-quatorzien ou néo-classique. En même temps, s'édifient en centre ville quelques belles demeures selon les canons de l'art nouveau.
Alors que durant la moitié du XIXe siècle la langue française avait peu progressé, les progrès de la scolarisation désormais massive et effectuée en français s'accompagne d'un certain recul de la langue occitane. Recul que d'autres facteurs accélèrent : mobilité de la population, essor de la presse quotidienne en français, déclin des métiers traditionnels, classes sociales de traditions culturelles différentes. Tout cela explique une certaine pluralité de cultures : culture des élites sociales qui s'exprime en français et qui est de tradition conservatrice ou républicaine, culture populaire, plus orale, qui s'exprime en langue d'Oc. Malgré cet effacement progressif de la langue, la culture occitane demeure toujours vivace. Le renouveau des lettres d'oc se manifeste dans la seconde moitié du XIXe siècle par un net essor poétique, la renaissance de la tradition félibréenne de la terre natale et des valeurs traditionnelles, de la tradition du théâtre populaire de Béziers.
Grâce à la prospérité viticole et à l'aisance qui en découle, Béziers, mérite plus que jamais sa réputation de ville de spectacles et de plaisirs. Dès 1844, on construit en haut de la promenade, le théâtre qui offre trois cents représentations par an. On rétablit au printemps les fêtes de Saint Aphrodise et de Caritach La générosité de quelques mécènes permet de construire les nouvelles arènes (1895), d'y donner des spectacles taurins et des représentations lyriques : Béziers est alors célébrée comme la Séville ou la Bayreuth française. Dans toutes les couches sociales ,on trouve ou retrouve le sens de la fête qui se maintien aujourd'hui par les festivités de la féria du mois d'août.
Cette ville volontiers soumise, malgré son esprit de contestation, à l'ordre royal et à l'influence de l'église s'affirme alors comme une ville républicaine. Ville d'opposition au pouvoir central de 1815 à 1870, volontiers libérale et contestataire sous la monarchie restaurée et la monarchie de juillet, elle bascule dans le républicanisme avec l'avènement de la Deuxième République et surtout, comme dans tout l'ouest héraultais, dans l'opposition violente et insurrectionnelle au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851. La répression qui s'en suit est restée longtemps dans les mémoires : elle se manifesta par deux exécutions capitales, des arrestations, des condamnations, des relégations de certains républicains. Oeuvre d'Antonin Injalbert, le monument «à Casimir Péret, maire de Béziers déporté à Cayenne, aux morts aux blessés du 4 décembre 1851, aux 3200 proscrits de l'Hérault» perpétue à Béziers le souvenir de ce traumatisme.
La ville, devenue majoritairement républicaine passe alors assez vite entre les mains du parti radical avec l'appui d'une franc maçonnerie active et ce jusqu'aux lendemains de la seconde guerre mondiale.
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Sommaire :
Béziers sous la Restauration
La monarchie de Juillet
La seconde république
La seconde moitié du siècle : vers le siècle d’or
Vers la prospérité viticole
Le développement urbain
Le développement de caractéristiques durables du Siècle d’Or de BéziersSommaire du site
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10. Le XXe siècle
Le siècle fait ses débuts avec la grande crise de surproduction et de mévente de 1907 qui secoue tout le Languedoc. Les manifestations de mécontentement se multiplient. Le 12 mai 1907, 120 000 personnes venues de toute la région s'assemblent pour protester contre la crise agricole. Le 21 juin, : un régiment à recrutement régional, le 17e régiment d'infanterie, caserné à Agde, regagnant Béziers se mutine, sans conséquences graves cependant. Plus que les mesures législatives ou réglementaires, c'est la guerre de 1914-1918 et la forte demande de vin pour les armées qui pour un temps conjurent la crise. Aussi les années qui suivent le conflit, malgré la saignée des victimes militaires, retrouvent la prospérité.Les années trente sont plus difficiles. La dépression de 1929 se conjugue avec le retour de la crise de mévente du vin et le vieillissement des structures de production. La natalité et l'accroissement de la population se ralentissent. Cette situation est encore accrue par la deuxième guerre mondiale et son environnement de pénuries, de contraintes et d'épreuves. La ville en sort meurtrie et affaiblie, ayant perdu de surcroît une partie de sa population.
Jean Moulin
le plus illustre des biterrois du XXe siècle
C'est dans une famille républicaine que Jean Moulin le plus illustre des Biterrois du XXe siècle puisera ses convictions et son patriotisme. Habitant avec ses parents un appartement donnant sur le Champ de Mars face à la caserne de cavalerie Duguesclin, Jean Moulin (1899-1943) a vécu son enfance et son adolescence à Béziers où il est né. Son père, Antoine Moulin, était professeur au collège municipal (aujourd'hui Lycée Henri IV) dans lequel le jeune Jean Moulin, fera sa scolarité jusqu'au baccalauréat. Antoine Moulin était fortement engagé dans la politique locale : membre du parti radical, de la ligue des droits de l'homme, du grand Orient de France, de la société d'éducation populaire, il fut conseiller général du premier canton de Béziers de 1913 à 1931 et, à plusieurs reprises, conseiller municipal.
C'est auprès de lui et à travers son exemple que Jean Moulin puisera son patriotisme, son attachement à la république, son sens du bien public et de l'État, toutes choses dont il donnera amplement la mesure dans sa carrière préfectorale et plus tard, à travers la mission que le général de Gaulle lui confiera dans la résistance. Son rôle dans l'unification des mouvements de résistance au sein du Conseil national de la Résistance fut primordial. Trahi, il fut arrêté et mourut sous la torture. Ses cendres ont été transférées au Panthéon. Béziers se souvient du plus illustre de ses fils et honore sa mémoire grâce à trois monuments : un dans la cour d'honneur du lycée Henri IV, un au plateau des poètes et un dernier dans la cour d'entrée du lycée Jean Moulin.
Passé l'enthousiasme de la Libération à laquelle ont participé des groupes de résistants biterrois, au lendemain de la guerre, Béziers apparaît toujours comme la capitale du vin mais doit devoir affronter les difficultés du réajustement économique tandis que réapparaît la crise viticole dans les années cinquante avec son cortège de mécontentements et de manifestations. Son équilibre économique est peu à peu remis en question par la persistance du marasme économique. La population n'augmente plus. La viticulture et l'industrie traditionnelle de la ville et de l'arrondissement connaissent de sérieuses difficultés (fermeture de Fouga en 1962). La ville paraît sur le déclin. Les succès et les multiples titres nationaux de l'équipe de rugby de 1961 à 1984, l'instauration d'une féria d'août à partir de 1968, s'ils soulèvent l'enthousiasme et retracent le chemin de la fête ne suppriment pas les difficultés économiques. Le dynamisme de la ville paraît s'essouffler malgré l'arrivée de l'autoroute, du TGV et de la ligne aérienne avec Paris.
En réalité, le bâtiment ainsi que les services privés et le commerce sont en pleine extension ce qui provoque la diminution du chômage. En fait, et sans qu'on s'en apreçoive pendant longtemps, on assiste au début de la reconversion de l'économie biterroise qu'accélère l'arrivée des rapatriés (7600 personnes) en 1962. L'ancienne économie vitivinicole laisse peu à peu la place à une nouvelle économie dans laquelle le rôle moteur n'est plus assuré par la viticulture mais par les initiatives de la municipalité et des pouvoirs publics. Le bâtiment prend le relais de la vigne car Béziers s'équipe (logements HLM, ville nouvelle de la Devèze, groupes scolaires, piscine, palais des congrès, stations d'épuration et de traitement des ordures ménagères, stades) tandis que commence la construction de la station nouvelle du Cap d'Agde dont les travaux d'infrastructure sont confiés à la SEBLI présidée par le maire de Béziers.
Au début des années 1980, les indicateurs économiques sont encore en progrès. Dans l'industrie, les secteurs de pointe sont les industries mécaniques autour de la Cameron et Iron Works et de ses sous-traitants ainsi que les industries agro-alimentaires et dépendantes, la plus grosse unité étant l'usine chimique, La Littorale. En 1981, cinquante-sept entreprises regroupent 3065 salariés mais six d'entre elles (1390 salariés) ont leur centre de décision à l'étranger, neuf (1462 salariés) travaillent pour le marché international et vingt-huit (1246 salariés) pour le marché national. L'industrie biterroise ne dépend donc plus que pour une petite part de l'économie régionale vitivinicole.
Dans le secteur tertiaire, en gros progrès, la part du commerce doit être soulignée. Béziers présente une infrastructure commerciale à très forte densité avec 1 100 établissements en 1973. A cette date, il s'agit d'un appareil commercial situé en priorité dans les quartiers du centre ville d'accès difficile et connaissant un net déclin démographique. Mais quelques années plus tard, les capitaux étrangers à la ville font une entrée en force dans ce secteur rachetant les Docks Méridionaux et implantant de grandes surfaces dans les nouveaux quartiers de l'est (Casino, Centre commercial Béziers II, centre Leclerc puis Géant). Le commerce local tente de réagir par la modernisation de ses locaux et par des interventions auprès des pouvoirs publics pour limiter les implantations de nouvelles grandes surfaces et obtenir la mise en place de vastes parkings au centre ville. Mais beaucoup de petits commerces ne peuvent résister à la concurrence.
Dans la dernière décennie, le nouveau visage économique biterrois n'est pas remis en cause. La viticulture est devenue une activité quasiment marginale. Béziers demeure toutefois la plus grande ville au cur d'un vignoble de qualité. La tradition industrielle est toujours présente avec notamment la métallurgie et la chimie. Plus que jamais le secteur marchand occupe la première place dans l'économie biterroise Enfin, le secteur des services non marchands représente 19,4 % de la population active : fonctionnaires, employés de mairie et du centre hospitalier, etc. L'évolution la plus significative est celle des services non commerciaux. La tertiarisation de l'économie biterroise est de plus en plus nette.
Actuellement, le fort potentiel commercial que permet la position de l'agglomération au sein d'une importante région touristique, sa situation de carrefour que vont venir renforcer dans un avenir proche l'arrivée de l'A 75 et peut être la mise aux normes modernes de la voie ferrée Béziers-Neussargues, un riche patrimoine architectural et culturel qui commence seulement à être mis en valeur sont autant de facteurs positifs d'évolution. La ville devient au fil des ans, une ville universitaire : avec ses partenaires : État, Région, Département, la ville, a mis en uvre des moyens nouveaux d'éducation et de formation : BTS, IUT, premier cycle Universitaire, implantation du département info-com, ouverture à la recherche. Ainsi s'affirme au fil des ans son ambition de devenir un pôle de compétence et de compétitivité.
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Le XXe siècle à BéziersSommaire :
Béziers à l’aube du vingtième siècle
L’entre-deux-guerres, 1918 -1939
La seconde guerre mondiale
L’immédiat après guerre
La ville entre déclin et reconversionSommaire du site
Téléchargement du dossier le centre ville de Béziers dans l’histoire
Sommaire :
La structuration de la cité
Une ville à l’étroit dans son enceinte traditionnelle, l’apparition d’un péricentre
L’ouverture de la cité, le péricentre
L’extension inéluctable des péricentres, l’étalement et l’éclatement urbain
Le temps de la planification et de la programmation
Le balancement entre le centre et la périphérie
Une centralité en voie d’éclatement
L’étalement urbain excessif vers l’Est
Les conséquences de l’éclatement du centre ville
Une nouvelle structuration de l’espace urbain et interurbain
Les transferts
La revitalisation du centre ancien
Vers un centre ville multipolaire
Le décentrage géométrique et fonctionnel du centre ville
Un centre ville élargiSommaire du site
L’identité de Béziers : Téléchargement du dossier
Sommaire :
La civilisation de la vigne
Une ligne de passage obligé
Un brassage de cultures
L’empreinte romaine
Les choix de l’ordre politique, la recherche de la stabilité et de la prospérité
Mais un esprit de contestation
L’influence structurante des notables biterrois
Le christianisme biterrois, l’église comme facteurs de structuration du territoire
Le goût des fêtes et du rassemblement des hommes
La tradition occitane
L’esprit de tolérance
Le mouvement des idées
Beaux esprits, célébrités et notoriétés de Béziers
Le peuple et les ouvriers de Béziers
11. Bibliographie : les livres sur Béziers
Sous la direction de Jean Sagnes : Histoire de Béziers
Editions Privat
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L'ouvrage collectif dirigé par Jean Sagnes et apprécié des spécialistes comme du grand public, qui était épuisé, vient d'être réédité dans une version revue et augmentée tenant compte des travaux les plus récents. C'est un ouvrage de référence.
Bref aperçu bibliographique à partir de l'orientation bibliographique de l'histoire de Béziers, édition Privat : Les noms et les thèses qui constituent des points de repère.
- J. Jannoray et son étude sur Ensérune
- Monique Clavel-Lévêque et son étude sur Béziers et son territoire dans l'antiquité
- C. Duhamel-Amado sur le Moyen Âge
- M. Bourrin villages médiévaux en Bas-Languedoc (Xe-XIVe siècles)
- H. Vidal sur le pouvoir épiscopal à Béziers à la veille de la Croisade
- Y. Esquieu l'art roman à Béziers
- G. Fournier sur la vie politique au XVIIIe siècle à Carcassonne, Narbonne, Béziers
- R. Balso le Biterrois de 1750 à1850
- J. Granier sur la Révolution
- J. Gachet sur les représentions lyriques des arènes de Béziers de 1898 à 1911
- E. Claustres sur l'urbanisme
En savoir plus : Le dossier de la recherche biterroiseRobert Cavalié Béziers, Histoire d'en parler
22 Juillet 1209 Béziers, l'été meurtrierMichel Fournier Guide de Béziers, Escapades en Biterrois Yves Rouquette Béziers, les rues racontent - Les presses du Languedoc
Claude Lapeyre Alain Roque Béziers, pas à pas - Editions Horvath
Michel Viala Béziers, mémoire d'images Éditions Alan Sutton
Conférences et Publications
Télécharger le dossier conférences et publications
Sommaire :
Conférences :
Michel Fournier :
Les évêques italiens
La révolte du duc de Montmorency
Chroniqueurs, voyageurs et historiens au début du XVIIe siècle
Le Père Jean Gailhac
Béziers de 1857 à 1952
Béziers et la Grande Guerre
Gilles Bancarel et Henri Barthès :
La Société archéologique, scientifique et littéraire
René Gualino :
Le dernier poilu : Lazare Ponticelli
Publications :
Jean Sagnes : Jean JaurèsSommaire du site
Télécharger la conférence : De l’antiquité à nos jours, la vigne cultive l’esprit de conquête
Sommaire :
La pénétration du bassin méditerranéen
Maintien de la qualité par les abbayes
Le Moyen Âge et l’émergence de Bordeaux
Le cheminement vers la qualité et la liberté du commerce
Vers l’âge d’Or et la monoculture
Une crise viticole endémique
Le temps du déclin
Un esprit de conquête retrouvé : le renouveauSommaire du site
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